Les tanks de destruction du langage avancent.
C'est le mot "mère" qui est visé.
Dans le forum de Strasbourg de fin janvier, on ne parle plus de "mère-porteuse", on parle même plus de "gestation pour autrui", on donne en titre "porter l'enfant d'un autre". Celle qui porte, c'est-à-dire la mère, c'est plus rien, elle est simplement la "porteuse".
Voilà la stratégie destructrice : la mère est celle qui porte l'enfant et en accouche. Peu importe "l'intention" qui l'anime. Ainsi, dans le Code civil, la femme qui accouche sous X et n'a donc pas "l'intention d'être mère" est qualifiée de "mère" par le Code civil parce qu'elle l'est.
Eliette Abecassis a souligné depuis le début que "mère-porteuse" eset une pléonasme : la "porteuse" est la "mère". Dire "mère-porteuse", c'est dire "mère-mère".
Mais c'était la première phase de la stratégie guerrière contre les femmes.
Ainsi, en mettant deux mots, "mère" et "porteuse", alors que la femme qui porte l'enfant est simplement et d'une façon unifiée sa "mère", elle devenait "séquable".
Une fois la séquence "mère-porteuse" bien installée dans le vocabulaire courant, il a suffi de casser et de mettre à la poubelle le premier mot.
C'est c qui est en train d'être opéré par ceux qui veulent installer le marché mondial des femmes et des enfants, les riches allant demander aux femmes pauvres qui y "consentent" contre une "contrepartie financière" à fabriquer l'enfant dont ils désirent être le "parent".
Le mot "mère" disparaît.
Purement et simplement.
Il faut mais il suffit de dire. N'existe que le "parent". Le "parent" est celui qui a le "projet d'avoir un enfant". Pour cela, il a recours à des personnages qui font leur office : par exemple la prestation de "portage" (comme en finance ,, ... tiens, comme en finance ...).
La femme devient purement et simplement la "porteuse".
La "mère" a disparu.
Il n'y a plus que le "parent" et la "porteuse".
C'est ainsi que le colloque de "bioéthique" peut intituler un débat "porter l'enfant d'un autre". C'est-à-dire mettre en postuler que l'enfant que porte cette femme n'est pas le sien, qu'elle n'en est pas la mère, qu'il est l'enfant d'un autre.
Et comment pourrait-elle en être la mère ? LE MOT A DISPARU.
Voilà ce que l'on peut appeler : LE MEURTRE DU LANGAGE.
Il est en train de s'opérer.
De nationalité française, Marie-Anne Frison-Roche est professeur d’université. Au terme de ses études de philosophie et de droit, notamment une thèse consacrée au principe du contradictoire, elle a été major du concours d’agrégation de droit privé de 1991. Elle est actuellement professeur titulaire à Sciences Po (Paris). Ses travaux portent principalement sur la régulation mais aussi sur la justice et sur la théorie générale du droit.