Christine de Pisan

Christine de Pisan

jeudi 12 mars 2020

Lettre à Mila



Chère Mila, 

J’espère que nous serons nombreux à être à vos côtés, j’espère que votre parole franche à vos correspondants sera le début d’une prise de conscience bénéfique à « toutes les familles de la terre ».
Ne prêtez pas attention à l’initiative du Parquet, initiative d’une justice qui s’abrite derrière la forme, faute, à l’image de la majorité des adultes de nos pays occidentaux, d’avoir le courage d’examiner le fond et les faits. Initiative dont la violence symbolique contre vous est moralement inadmissible.
J’ai lu votre interview sur le site «  Bellica » et vu la vidéo où vous rappeliez et expliquiez vos propos antérieurs via Instagram.
Vous avez, vous, regardé les faits et vous avez dit ce que vous avez vu et compris. Vous n’avez parlé que d’un aspect des faits, celui qui concernait directement la situation où vous plaçaient vos correspondants en vous insultant, mais ce que vous avez compris est malheureusement vrai.
J’ai longtemps pensé vivre dans une civilisation, un « monde libre » qui refusait le retour de la barbarie. En vérité, je constate que la majorité des adultes, chère Mila, ne cesse en effet de se vanter de s’opposer à ce retour, mais en réalité, n’est pas prête au moindre sacrifice pour s’y opposer réellement. Notre génération dans sa majorité, paresse en espérant passer à travers les gouttes de l’orage. Votre génération, vous, et aussi les jeunes qui vous ont agressée verbalement, subit les conséquences de notre incurie.
J’ai longtemps pensé vivre en France, soit dans un pays où la loi est : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, fussent-elles religieuses », et où (schématiquement) les personnes ont des droits, alors que les autres choses que les personnes (les idées, les êtres surnaturels) n’en ont pas.
Loi signifiant qu’aucun, aucune, d’entre nous ne doit être la cible de violences ou de persécution parce qu’il ou elle croit à Vishnou ou Shiva, ou à la platitude de la terre, ou à la Création en sept jours, ou à la vérité du marxisme-léninisme ou de Mein Kampf, ou voit dans Mahomet/Muhammad le plus excellent des prophètes … ou bien parce qu’il ou elle est de l’avis que telle ou telle des différentes conceptions du monde est moralement abominable.
De plus, aujourd’hui, la loi elle-même exige de l’Etat, des personnes, de savoir distinguer les idéologies incitant à la haine des autres. Normalement, sans distinguer selon que ces idéologies aient ou pas un aspect relatif au surnaturel, sans révérence particulière envers le religieux, révérence qui serait évidemment le contraire d’un point de vue laïque.
Pourtant, les textes de l’islam sont protégés par un détournement des lois contre l’incitation à la haine :
-           au moyen de l’argument spécieux selon lequel dénoncer ces idéologies reviendrait à inciter à la haine contre les personnes pouvant être confondues avec elles,
-          et en raison de la confusion entre la croyance/foi/conviction, d’une part – phénomène passif, état mental dont nul n’a à répondre dans un droit distinguant norme juridique et norme morale -  et actes opérés en application des normes religieuses d’autre part – actes matériels, eux, dont soumis au jugement de valeur et aux restrictions nécessaires dans une société de droit -  confusion idiote s’il en est, pourtant commis par quantité de nos juristes, dont parmi les plus reconnus …
Alors que pourtant, tout le monde comprend qu’il est nécessaire de pouvoir expliquer nos jugements de valeur morale sur les conceptions morales de nos contemporains, sœurs et frères humains, pour tenter, ensemble, de trouver quelle norme est vraiment morale, pour tenter, tous ensemble, de nous conduire éthiquement, en bien, les uns envers les autres. 
Et tout le monde comprend que la confusion entre une idéologie et des personnes est un non-sens. Nous savons ou lisons que « les êtres humains sont doués de conscience et de raison » (Déclaration Universelle de 1948). Conception selon laquelle les êtres humains ne sont pas des mécanismes subissant un programme déterminant ses actes, mais des êtres libres. Nous savons tous que chacun-e a une relation personnelle, particulière, avec l’héritage culturelle transmis par son environnement, familial, social, géographique. Nous apprenons la fable de Jean de la Fontaine contre l’injustice du Loup accusant l’Agneau de la culpabilité de son frère. Alors, non, bien sûr, nous ne sommes pas des abrutis qui prendraient « tous les musulmans » pour des imitateurs de Mahomet/Muhammad ou de Ben Laden.
Bref, nous savons tous largement, que la confusion entre critique d’une doctrine et haine des personnes, si elle se produit dans l’esprit de certains, n’est ni fondée ni inéluctable. Cette confusion ne peut être honnêtement invoquée contre les personnes critiquant une doctrine (sauf contre celles qui affirment qu’elle serait fondée), quand bien même la critique serait aussi violente verbalement que la doctrine est elle-même violente par son contenu clair et manifeste (dans son corpus de textes reconnus par la majorité de ses savants). 
En réalité, aujourd’hui, comme toujours dans l’histoire, la critique des idéologies guerrières est une liberté, un devoir, durement combattu. Car de tous temps, les profiteurs de guerre ont eu besoin d’idéologies guerrières pour transformer des jeunes en chair à canon à leur service. Et de tous temps, ils ont combattu férocement la critique des idéologies guerrières. Et de tous temps, et partout, la majorité a laissé faire ou espéré une part de butin.
Les anti-nazis d’entre deux guerres se sont vus accusé d’être, eux, les fauteurs de guerre : une accusation terrible après les massacres de la première guerre mondiale …
Aujourd’hui, des jeunes sont tués au nom du jihad, des femmes sont battues au nom de la loi d’Allah, des jeunes tuent au nom du jihad. Mais il est vrai que si l’islam n’existait pas, bien du monde aurait intérêt à l’inventer. A court/moyen terme, la géopolitique et les guerres économiques permettent que l’économie tourne et que les retraites soient payées, donc la majorité des vieux va continuer à élire les protecteurs de l’islam. Au fond les vieux se disent : « Pourvu que cela dure … jusqu’à notre fin, et après nous le déluge ».
Telle est la raison fondamentale pour laquelle une des pires idéologies de guerre et d’incitation à la haine de l’histoire, soit la doctrine de l’islam, est aujourd’hui protégée par les élus choisis … par la majorité de notre génération.
Mon espoir, chère Mila, et vous le renforcez, est que « nous » nous mettions enfin à réagir en tant que « nous, notre génération ».
Il est temps de mettre fin à la « culture de l’ennemi » dénoncée par Liu Xaobo, il est temps de mettre en commun nos héritages culturels et de nous entraider à, soit, en supporter le poids, soit en utiliser tous les enseignements. Il est temps de « nous » considérer comme réunis par notre commune situation de contemporains responsables de l’avenir. Libres par rapport à nos ancêtres et leurs erreurs, libres  aussi de réaliser leur souhait le plus fréquent : que nous fassions mieux qu’eux, que nous, élèves dépassions nos maitres.
Lors du premier congrès international Rom (Tsygane) à Budapest, j’ai rencontré un militant allemand. Il souffrait. Il était né après la guerre et … ne savait pas comment ne pas souffrir d’être allemand, héritier d’une culture et d’une généalogie du peuple qui avait commis les massacres de la deuxième guerre mondiale. J’ai tenté en vain de lui répéter qu’étant né après la guerre, il n’était responsable de rien.
Aux adultes qui, enfants, ont subi des incestes, on peut dire que même si leurs pères ont été monstrueux envers eux, ils ne sont pas fondamentalement pas, eux les enfants, différents de nous tous, car nous avons tous probablement quelque auteur d’infraction ou de crime parmi nos aïeux.
Nous comprenons tous, si nous regardons un peu les vicissitudes de nos histoires, qu’il n’y pas de peuples moralement si supérieurs aux autres, et aucun qui serait intrinsèquement supérieur en valeur aux autres. Nous comprenons tous, que face à des pouvoirs ou puissances aussi violentes et terrorisantes que le furent les conquérants musulmans, aidées souvent par des élites traitresses corrompues, les populations qui se sont soumises, qui vivent dans la soumission, ont des circonstances atténuantes pour le moins, à leur soumission à des lois barbares.  Qui pourraient en vouloir aux janissaires ou aux Hitlerjugend ? Nous nous demandons tous ce que nous aurions fait à leur place …
Le racisme consiste à estimer que certains êtres humains ont intrinsèquement moins de valeur que d’autres. Dire que certaines croyances répandues dans telle partie du monde est barbare n’a rien de commun avec cette conception anthropologique là.  Etre né dans un pays qui subi ou a subi ou s’est jeté lui-même dans la barbare, ne fait pas de vous un être ayant moins de valeur. A l’inverse, un héritage culturel sophistiqué n’est jamais une garantie contre la barbarie : des pays les plus élevés en civilisation, en niveau de réflexion morale, sont sorties parmi les pires violences massives.
En réalité, aujourd’hui, nous nous aplatissons tous dans une lâcheté et même un j’men foutisme, qui bat peut-être bien tous les records historiques de vitesse de soumission.
Pourtant rien n’est joué.
La violence de nombre de jeunes musulmans n’a rien de rien, de rien du tout d’inéluctable. Mais pour l’enrayer, il faut remonter à la racine du mal.
La racine du mal se trouve dans la loi musulmane pour une grande part (pas seulement là bien entendu), une grande part sur laquelle nous pouvons agir. Vous avez été Grande, Mila, en identifiant et nommant cette racine là, immédiatement, en réponse aux agressions. Vous vous êtes défendue, avec courage et pertinence, par une analyse de la situation qui permet aussi à vos agresseurs de sortir de l’agressivité.
Comment la violence n’apparaitrait elle pas chez des jeunes, alors que la loi dont on leur affirme qu’elle est celle de dieu, fait qu’il leur arrive plus souvent de voir, très petits, la violence assénée à leur mère par leur père, conformément à cette loi. Violence traumatisante et marquante s’il en est. Alors qu’il leur arrive de voir le mouton qu’on leur avait confié quelques jours auparavant, égorgé devant leurs yeux, conformément à cette loi. Alors qu’ils subissent une mutilation physique douloureuse à un âge où ils sont parfaitement conscients et où elle est importante. Puis, alors que nombre de dispositions de cette loi ordonnent directement la haine et la mise à mort d’autres populations, sous la menace du supplice éternel pour ceux qui se soustrairaient à l’obligation du combat … Comment, peut-on me dire comment, ils pourraient y échapper lorsque des Etats – dont l’Etat Français actuel- les enferment largement sous l’emprise de cette loi là, en réprimant – hypocritement le plus souvent - de manière féroce ou en abandonnant ceux et celles qui la critiquent ?
Et peut-on me dire comment notre société, par ailleurs tout de même consciente des phénomènes et mécanismes de traumatismes et de conditionnement à la violence, prétend ne pas voir ces sources flagrantes de violences et de traumas, présentes dans notre société, sur nos territoires, devant nos services sociaux, nos intellectuels et nos juges ? Mais de qui se moque-t-on ?
C’est vous, Mila, qui faites apparaître la violence, parce que vous avez dit «  le Roi est nu », «  ta religion c’est de la haine, de la m… ».  Vous n’avez pas dit à ceux qui vous adressaient les plus menaces, insultes homophobes et racistes, qu’ils seraient eux des déchets, mais que leur référence morale l’était, ce qui totalement différent.
La psychiatre syrienne exilée aux USA Wafa Sultan  affirme que les aïeux des peuples soumis à l’islam ne leur ont transmis que des maux, et qu’il faut arrêter ce processus. Bien sûr elle résume les phénomènes pour les rendre plus apparents, ce que l’on peut éventuellement nommer la culture musulmane, n’a certes pas que des apports négatifs, mais l’essentiel de son propos est d’affirmer avec force la possibilité et la ferme volonté de casser la transmission du négatif. 
Votre aventure Mila, ressemble beaucoup à l’action des jeunes de la Rose Blanche, vous avez presque leur âge, d’un an près encore plus jeune. L’action du Parquet contre vous m’écoeure plus qu’il n’est possible de dire.
Vous avez répondu, si je comprends bien votre interview relatant votre discussion sur le réseau social, ce qu’il fallait répondre à vos agresseurs, pour éveiller leur réflexion. Votre action spontanée a été juste, juste au sens fort de ce terme, juste dans sa simplicité et sa franchise. Bien évidemment il y a d’autres points à expliquer, de manière plus approfondie et plus détaillée, sans le résumé d’une expression argotique, bien sûr on doit rappeler que la barbarie n’est nullement le monopole de l’islam, bien sûr un adulte parlant dans une situation plus calme ne doit pas manquer de parler des autres aspects du coran, mais la vigueur de votre condamnation est légitime, étant les aspects essentiels et fondamentaux des textes sacrés de l’islam, et étant donné l’ampleur monstrueuse des violences commises à raison de l’idéologie de la religion musulmane.
Par votre réponse, vous avez fait apparaître l’ampleur de cette violence, de ces violences, l’ampleur du gâchis. C’est pourquoi votre action peut être un déclic dans les consciences.
Merci Mila.
C’est le début, je l’espère, de l’éveil.

Elisseievna
24 janvier 2020.

Transcription vidéo Mila
« En fait avec une meuf de mon live on discutait. Et elle me disait, voilà, que, elle me parlait de ses goûts pour certaines filles, elle me disait qu’elle trouvait que les reubeus elles étaient pas superbelles, voilà, elle a le droit. Moi j’ai approuvé j’ai dit, ouai moi non plus c’est pas mon style, voilà les reubeus c’est pas mon style. Et, y a un mec qui a commencé à s’exciter. A nous traiter de sales lesbiennes, de racistes, de tout ce que tu veux, il a commencé à nous insulter, toutes les pires insultes que vous pouvez imaginer, vous en passe. Ensuite le sujet a commencé à déraper sur la religion. Donc moi j’ai clairement dit ce que j’en pensais, je pense que la liberté d’expression, tu connais ? Je ne me suis pas gênée pour dire ce que j’en pensais. Je déteste la religion. Le coran est une religion de haine. Y a que de la haine là dedans. L’islam c’est de la merde.  C’est ce que j’en pense moi, je dis ce que je pense, putain. Je ne suis pas raciste, mais pas du tout. On ne peut pas être raciste d’une religion. Tout simplement. Y a des gens qui peuvent penser ça mais vous êtes cons, qu’est ce que vous êtes cons, putain de merde. Voilà, on ne peut pas raciste envers une religion. Moi j’ai dit ce que j’en pensais, j’ai totalement le droit. Je ne regrette pas du tout. Vous n’allez pas me le faire regretter. Là y a encore des gens qui vont s’exciter, j’en ai clairement rien à foutre, je dis ce que je veux, je dis ce que je pense. Votre religion c’est de la merde. Votre dieu je lui mets un doigts dans le trou du cul. Merci, au revoir. Vous m’insultez et vous me menacez de mort. Vous n’êtes bons qu’à ça, vous n’avez pas d’éducation, vous êtes nuls, vous servez à rien. Alors je lance une petite parenthèse, j’ai lancé aucun propos raciste, car comme je le répète, on ne peut pas être raciste envers une religion, et je reçois des « sale française », « les français vous êtes tous des fils de pute ». Voilà quoi, on se demande où il est le racisme, on se demande de quel côté il est. Juste, je passe pour une grosse conne parce que, je viens de réécouter mes vidéos, j’ai dit le coran est une religion de haine : l’islam est une religion de haine, voilà. »