Sérénade Chafik a rédigé deux témoignages sur l'excision. Les mères sont trop souvent accusées de pratiquer l'excision sur leurs filles .. son témoignage permet de comprendre combien cette accusation peut elle aussi être injuste ...
13 h ·
J'ai eu mon premier enfant au Caire.
Je l'ai élevé seule et il me fallait travailler;
J'ai eu l'aide d'une nourrice qui venait le garder à la maison.
Elle avait 2 petites filles.
J'ai parlé avec elle des risques de l'excision et je lui ai prouvé que l'islam ne recommandait pas cette mutilation.
Elle a été convaincue
Un jour elle n'est pas venue. Ce n'était pas son habitude elle était devenue presque un membre de ma famille et des fois elle venait mêmes avec ses filles.
Le surlendemain, elle est revenue, les yeux gonflés, des cernes avaient creusé son beau visage. Son regard si vif et malicieux avait perdu son éclat.
Elle m'a expliqué qu'elle avait failli perdre sa fille ainée qui avait eu une hémorragie Elles avait excisé ses enfants.
Je me suis mise en colère, mais une colère noire;
Doucement, elle s'est approchée de moi; D'une voix triste elle m'a raconté sa vie.
Elle avait été mariée à l'âge de 16 ans. la petite paie que je lui versait ne pouvait pas suffire l'éducation de ses enfants ni les dépenses de soins nécessaires à ses parents.
Elle était seule et devait assurer seule la survie de trois générations dans sa famille. Son mari, avait disparu et avait abandonné les petites
Elle m'a dit que tous les mois elle allait à la distribution d'aides que la mosquée organisait.
Ses filles étaient à l'école gratuite qui dépendait de cette mosquée.
Quand le barbier une première fois est passé dans son immeuble, elle avait refusé de mutiler ses filles.
Une semaine plus tard, l'imam de la mosquée l'a convoquée, il lui a expliqué qu'une bonne musulmane devait être une bonne mère et que l'excision était une obligation.
Il lui a fait le chantage, elle n'allait pas recevoir les aides et ses filles ne pourraient plus suivre leur scolarité dans son école.
L'imam s'est entretenu aussi avec sa famille et ses voisines. Acculée de tout part elle a fini par céder aux pressions
Je l'ai élevé seule et il me fallait travailler;
J'ai eu l'aide d'une nourrice qui venait le garder à la maison.
Elle avait 2 petites filles.
J'ai parlé avec elle des risques de l'excision et je lui ai prouvé que l'islam ne recommandait pas cette mutilation.
Elle a été convaincue
Un jour elle n'est pas venue. Ce n'était pas son habitude elle était devenue presque un membre de ma famille et des fois elle venait mêmes avec ses filles.
Le surlendemain, elle est revenue, les yeux gonflés, des cernes avaient creusé son beau visage. Son regard si vif et malicieux avait perdu son éclat.
Elle m'a expliqué qu'elle avait failli perdre sa fille ainée qui avait eu une hémorragie Elles avait excisé ses enfants.
Je me suis mise en colère, mais une colère noire;
Doucement, elle s'est approchée de moi; D'une voix triste elle m'a raconté sa vie.
Elle avait été mariée à l'âge de 16 ans. la petite paie que je lui versait ne pouvait pas suffire l'éducation de ses enfants ni les dépenses de soins nécessaires à ses parents.
Elle était seule et devait assurer seule la survie de trois générations dans sa famille. Son mari, avait disparu et avait abandonné les petites
Elle m'a dit que tous les mois elle allait à la distribution d'aides que la mosquée organisait.
Ses filles étaient à l'école gratuite qui dépendait de cette mosquée.
Quand le barbier une première fois est passé dans son immeuble, elle avait refusé de mutiler ses filles.
Une semaine plus tard, l'imam de la mosquée l'a convoquée, il lui a expliqué qu'une bonne musulmane devait être une bonne mère et que l'excision était une obligation.
Il lui a fait le chantage, elle n'allait pas recevoir les aides et ses filles ne pourraient plus suivre leur scolarité dans son école.
L'imam s'est entretenu aussi avec sa famille et ses voisines. Acculée de tout part elle a fini par céder aux pressions
13 h ·
J'avais 8 ans. L'âge d'être excisée;
Ma grand-mère maternelle en a parlé à mes tantes, elles semblaient toutes ne pas voir ma présence dans la même pièce.
Ma grand-mère maternelle en a parlé à mes tantes, elles semblaient toutes ne pas voir ma présence dans la même pièce.
Mes tantes, ma mère et ma grand-mère se
sont mises d'accord que j'avais l'âge
Peut être m'ont elles vu, peut être, croyaient- elles que je ne comprenais pas de quoi elles parlaient.
Peut être m'ont elles vu, peut être, croyaient- elles que je ne comprenais pas de quoi elles parlaient.
Quelques mois auparavant, à l'école, ma meilleure amie, (école pourtant
privée et réservée aux filles de "bonne famille" comme on dit en
Egypte pour nous distinguer des fille du "peuple" ), nous avait
raconté le récit de la mutilation sexuelle qu'on lui avait fait subir.
Enfants, nous l'avions écouté,
effrayées, nous avions retenu notre souffle, pétrifiées, nous n'avions pas
entendu la cloche sonner
Mère supérieur était alors venue nous gronder
Mère supérieur était alors venue nous gronder
Le récit de Rasméya, ma camarade de
classe, fut à jamais gravé dans ma mémoire. Par manque de chance pour moi,
quand j'écoute les personnes, je visualise les scènes, à ce souvenir effrayant
mon imaginaire a ajouté des images qui ont hanté elles aussi, au côté des
autres violences les nuits de l'enfant anorexique que j'étais.
J'entends encore la voix de Rasmeya, son
récit me fait encore mal, Ce mal se traduit par une douleur physique.
La douleur de cette excision à laquelle j'ai échappé.
La douleur de cette excision à laquelle j'ai échappé.
Longtemps, je me suis sentie coupable d'avoir
été l'unique fille sauvée dans ma classe, dans ma famille maternelle...
Je n'ai pas été mutilée, mais les fille
du pays de mon enfance continuent à l'être