Cercle d’Etude de
Réformes Féministes
Communiqué de
presse - 18 février 2024
Affaire Godrèche
contre Jacquot :
Les faits comme
leur déni étaient flagrants.
La Justice et les enfants
peuvent remercier l’actrice Judith Godrèche d’avoir enfin porté plainte contre
le metteur en scène Benoit Jacquot.
Les faits
Une partie au moins des faits
majeurs dans l’affaire Jacquot ont été flagrants, pendant des années, pour
toutes les personnes s’intéressant aux artistes du cinéma.
Le déni de la gravité de ces
faits n’en est que plus terrible. Le
déni est toujours une violence supplémentaire.
Dans le cas de Judith Godrèche il l’est doublement.
Car Judith Godrèche est de plus
victime d’avoir servi de publicité pour l’incestuel, pour les violences
sexuelles envers les adolescent’es par des adultes.
Aujourd’hui elle dit la réalité,
très violente, derrière le glamour apparent que le monde du cinéma de l’époque
a produit en l’exploitant.
Aujourd’hui elle explique
clairement sa démarche par son souci d’infirmer totalement le message dont elle
a été l’instrument.
La procédure
Parler de violences subies est
toujours une épreuve pour les victimes, toujours douloureux, toujours difficile
à plusieurs niveaux, et porter plainte encore plus. Merci à Judith Godrèche d’avoir eu ce
courage.
A la suite de la plainte, une
enquête a été ouverte, conformément à la Dépèche du 26 février 2021 ( https://www.gazette-du-palais.fr/actualites-professionnelles/infractions-sexuelles-susceptibles-detre-prescrites-vers-louverture-systematique-dune-enquete-preliminaire/
) confirmée par la Circulaire n° CRIM-2023-6/E1-22-03-2023 du Ministère de la
Justice du 28 mars 2023 - § 1.3 :
« Conformément à la
dépêche du 26 février 2021 relative au traitement des infractions sexuelles
susceptibles d'être prescrites, vous vous attacherez à ouvrir systématiquement
une enquête même si les faits apparaissent a priori prescrits notamment afin de
découvrir l'existence d'autres victimes pour lesquelles les faits ne seraient
pas prescrits (et ainsi le cas échéant faire jouer, au bénéfice de la première
victime, le mécanisme de la prescription prolongée, voire pour lesquelles seule
l'enquête serait de nature à révéler des faits dont elles continueraient à
souffrir. Ces directives apparaissent primordiales pour la protection des
mineurs victimes. »
L’expérience du Parquet dans ce
genre d’enquêtes, est qu’elles peuvent avoir des effets bénéfiques
thérapeutiques, pour les victimes, et pour les coupables aussi. Il n’est donc
jamais vain de les entreprendre.
Espérons qu’il en sera ainsi pour
Judith Godrèche.
Rappel de nos
revendications
Le
principe d’intégrité physique exige que dans le domaine sexuel, rien ne soit
imposé.
Or depuis 68 au moins, l’Occident
vit sous une antienne binaire de liberté sexuelle (sexe = bien, non sexe= mal), masquant la norme effective : « homme =
liberté sexuelle = bien, femme = à sa disposition, dire non = mal », qui donne
une apparence de légitimité aux violences sexuelles contre les enfants (1).
Les adultes n’ont pas d’excuse
pour se conforter dans ce binarisme imbécile. Ils n’ont aucune excuse pour
avoir profité du slogan criminel : « Jouir sans entrave » sans
le moindre début de questionnement moral à ce sujet …
Nous demandons (2) l’interdiction
de toute relation d’un adulte avec un enfant mineur, (sauf cas
exceptionnels entre adolescent’es du même âge à très peu près, sans violence,
emprise, grooming (3)).
Nous demandons l’obligation
d’assurer partout et suffisamment, la mise à disposition des enfants et
adolescents, des services publics nécessaires à leur information et à leur mise
en sécurité d’urgence en cas de (risque
de) violence physique : enseignants, infirmerie scolaire,
bibliothèques scolaires, pédiatres, gynécologues, juges spécialisés, refuges …
Nous demandons l’obligation de
signaler, la protection de l’enfant qui a dévoilé et des signalants, et que nulle poursuite ou mise en cause de responsabilité
ne puisse être intentée contre eux.
Les enfants doivent être rassurés
et savoir où trouver de l’aide , soit quand ils ressentent un malaise
quelconque face à un adulte ou savent être victimes de violences, soit quand
ils s’inquiètent au sujet de ce qu’ils éprouvent eux-mêmes, soit quand ils
cherchent des informations médicales. Les plus grands doivent apprendre que le
principe d’intégrité physique exige que, dans le domaine sexuel, rien ne soit
imposé.
Pour permettre aux plus petits de
détecter les conduites anormales d’adultes envers eux, et favoriser
l’inclusivité parmi les plus grands, l’enseignement des bases de la
politesse, des bonnes manières, des vertus de bonté et de gentillesse, est
suffisant. Les adolescents ont surtout
besoin de savoir que l’on peut toujours être heureux, aussi queer/zarbi que
l’on soit, dès lors que l’on cultive ces deux vertus.
La conception actuelle (celle
de l’ONU) de l’éducation sexuelle, consiste à imposer aux enfants des
représentations sexuelles explicites, qui sont autant d’effractions sexuelles,
autant d’ attentats à la pudeur. Ceci est en contradiction évidente avec le principe d’intégrité physique et
psychique. Aussi nous demandons
l’interdiction de cette forme d’éducation sexuelle.
Cercle
d’Etude de Réformes Féministes 15
février 2024.
.(1) La norme effective, par sa
dissymétrie, est le contraire du droit, du moins tel que le définit l’article 4
de la Déclaration de 1789 : « La liberté consiste à pouvoir faire
tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de
chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la
société la jouissance de ces mêmes droits ».
(2) NB : Nos revendications
sont présentées ici sous une forme schématique, et non comme proposition de
loi.
(3) « Grooming » :
Approcher un enfant (par internet par ex) en dissimulant l’intention de
l’agresser sexuellement ; il s’agit d’une infraction dans plusieurs
législations anglo-saxonnes.