Les époux Lavier condamnés pour "violences habituelles sur
mineurs"
| 23.02.2012
Le tribunal correctionel de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) a condamné, jeudi
23 février, Frank et Sandrine
Lavier à
respectivement dix et huit mois de prison avec sursis pour "violences
habituelles" sur
deux de leurs enfants. Le couple, acquitté en 2005 dans l'affaire de pédophilie
d'Outreau, a été relaxé du chef de"corruption de
mineurs" pour lequel ils
étaient également poursuivis. Le tribunal a estimé que si ces
derniers faits étaient moralement répréhensibles, l'infraction pénale n'était
pas constituée, car la volonté de corrompre les mineurs n'était pas
prouvée.
....
En début d'année
dernière, deux des cinq enfants des Lavier, un garçon et une fille de 10 et 11
ans, avaient dénoncé des maltraitances sans caractère sexuel, aprèsavoir fugué et avoir été placés chez une
assistante maternelle. Ils ont raconté des punitions interminable "à genoux sur le sol", sur "un manche à balai", et ont affirmé qu'ils recevaient
régulièrement des coups
L'enquête avait abouti à la saisie de vidéos, dont
certaines ont été projetées à l'audience, qui mettaient les six adultes en
scène, dénudés et mimant des actes sexuels devant plusieurs jeunes enfants de
la famille, lors de
soirées d'anniversaire ou de réveillons arrosés au domicile des époux Lavier.
Les mis en cause auraient simulé des actes sexuels, partiellement dénudés, devant des enfants de 5 et 7 ans au cours d'un anniversaire de mariage «un peu arrosé» en mars 2009, le tout immortalisé sur vidéo. L'un des enfants était celui du couple Lavier, l'autre celui du frère de Franck Lavier. Tous se sont défendus en indiquant qu'ils ignoraient que ce genre de pratique pouvait être assimilé à une corruption de mineur.
«Quiconque entre dans cette pièce sera obligé de me sucer» Le couple Lavier est par ailleurs mis en cause dans un second cas de corruption de mineurs. Dans le couloir, devant la chambre de leurs enfants, les enquêteurs ont en effet trouvé un panneau indiquant «quiconque entre dans cette pièce sera obligé de me sucer. Signé: l'occupant des lieux». Selon une source proche de l'enquête interrogée par 20 Minutes, ces mises en garde à vue son consécutives à la découverte au domicile des époux Lavier, sur un disque dur, de la vidéo effacée mais qui a pu être restaurée par les inspecteurs.
Le disque dur avait été saisi
lors de la perquisition au domicile du couple, après son placement
en garde à vue, en mars dernier pour maltraitances présumées sans caractère
sexuel sur deux de leurs enfants. Concernant ce dossier, disctinct du
permier, le procureur a precisé ce lundi que les constatations des experts
avaient confirmé les dires des enfants, mettant en évidence des traces de
«punitions exagérées» (ongles écrasés, meurtrissures aux genoux).
Les enfants qui ont porté les
accusations, un garçon et une fille de 10 et 11 ans, ont été placés il y a deux
mois après avoir fugué et s'être confiés à une assistante maternelle qui
s'était occupée de certains mineurs impliqués dans l'affaire d'Outreau. Le
couple Lavier, sans emploi, vit à Boulogne-sur-Mer avec quatre de
ses cinq enfants.
Ils parlent "d'amusement", de "délire", de "déguisements" ou encore de comportements "enfantins", mais pour la justice il s'agit bel et bien de corruption de mineurs.
Tous reconnaissent des "gestes déplacés", "des
choses à ne pas faire devant les enfants", mais réfutent le terme de
"corruption." "Loin de là, loin de là" répète Laurent, qui
"regrette amèrement." "Est-ce normal de commenter un livre
de positions sexuelles devant votre fille de 12 ans ?" demande la
présidente du tribunal à Sandrine Lavier. Cheveux relevés en chignon, créoles
dorées aux oreilles, elle répond "non, c'est assez déplacé." A
plusieurs reprises au cours de l'audience, elle aura du mal à dissimuler son
malaise et baissera la tête pour la prendre entre ses mains. Hélène, tee-shirt
noir avec brillants et cheveux blonds, fait son possible pour la soutenir.
"Je pensais pas à mal" dit celle-ci à la barre, en pleurs, "des
choses ont été faites devant des enfants et n'auraient pas dû, je n'aurais
jamais pensé être là aujourd'hui."
Franck Lavier et son frère Laurent, de noir vêtus, portent le même
jean. "J'aime bien me déguiser, mais je ne pensais pas à mal" déclare
Laurent. Des mots repris par tous, qui assurent "ne jamais avoir voulu
faire de mal aux enfants" et n'avoir eu "aucune pensée
malsaine." Le tribunal a diffusé des extraits de vidéos tournées chez les
Lavier. A Noël 2009, ils "s'amusent" en musique. Laurent, en caleçon
et bonnet de père Noël, et Franck, torse nu, prennent des poses lascives autour
de Jérôme, immobile et mal à l'aise. On entend des voix d'enfants. Sur d'autres
images, Renaud Valance est en nuisette fuchsia. Pendant la projection, le rouge
lui monte aux joues et il ne maîtrise plus ses jambes qu'il bouge nerveusement.
"Si j'ai fait ça devant des enfants, je n'étais pas conscient"
déclare celui qui était "sous l'euphorie de l'alcool". Plâtrier en
recherche d'emploi, il vient d'avoir un enfant et assure s'être
"calmé".
"On passe son temps à mimer des actes sexuels sous le regard
des enfants. La fête c'est forcément mimer des actes sexuels ?" s'emporte
la procureure Nathalie Bany après qu'une autre vidéo a montré plusieurs accusés
s'adonner à leurs "délires" à côté des enfants. Mais l'avocat de
Sandrine Lavier Philippe Lescene n'en démord pas : "Il n'y a pas de corruption
de mineur, on est dans la morale, et la justice n'a pas à s'en occuper."
.... Pour la procureure, bouillonnante, il ne s'agit pas de
"punitions", mais de "maltraitance." ... Tapant du poing sur le pupitre, la
procureure a voulu y couper court : "le parquet et le commissariat ne se
sont pas réveillés un jour en se disant 'vengeons-nous, allons chercher des
noises aux époux Lavier et leurs proches. On a agi comme dans n'importe quel
dossier similaire."
Entre jeux sexuels simulés et
violences présumées, les relations entre les époux Lavier et ces deux enfants
se révèlent compliquées. A contrario, ils avouent
«l'inconscience» de leur comportement lors de soirées d'ivresse. Dans les
extraits des vidéos projetés lors de l'audience, on y voit les Lavier, en
compagnie d'amis et de membres de la famille, adopter des positions obscènes
auxquels assistent des enfants, parfois pris à partie. «C'est venu dans
l'amusement», souligne Sandrine Lavier. «Et vous trouvez normal d'embrasser
votre fille mineure à pleine bouche ?», tonne la juge. Dix-huit mois de prison
avec sursis ont été requis par la procureure.
Des photographies, projetées lors du procès, montraient les genoux des enfants déformés par de gros hématomes, conséquence de stations prolongées sur un manche à balai destinées à sanctionner leurs «bêtises» répétées, selon les parents.
L'accusation de corruption de
mineurs, qui visait les six prévenus, reposait sur des vidéos filmées pendant
plusieurs soirées arrosées. Des bacchanales de fort mauvais goût dont des
enfants pouvaient être témoins sans que quiconque, toutefois, ne cherche à les
faire participer aux pantomimes salaces qui, visiblement, les intéressaient
moins que leurs jeux vidéo… Le tribunal a donc prononcé une relaxe générale sur
ce point.
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