Christine de Pisan

Christine de Pisan

jeudi 14 novembre 2013

Des médecins pour la pénalisation de l'achat de prostitution


La prostitution, c'est un nombre incalculable et quotidien de pénétrations vaginales, anales, buccales non désirées. La question de la santé des personnes prostituées ne peut être posée si l'on refuse d'ouvrir les yeux sur cette réalité. 

(...)

L'interdiction de l'achat d'acte sexuel et la dépénalisation des personnes prostituées contribueront à faire changer le regard de la société : les personnes prostituées ne seront plus stigmatisées, elles ne seront plus considérées comme des délinquantes. C'est l'acheteur de sexe qui sera sanctionné. Les personnes prostituées pourront donc plus facilement refuser un rapport sexuel non protégé ou dénoncer la violence d'un client.


Signataires
Ségolène Neuville, infectiologue ; Axel Kahn, médecin, généticien ; Damien Mascret, médecin, sexologue ; Emmanuelle Piet, gynécologue ; Gilles Lazimi, médecin généraliste ; Matthieu Lafaurie, infectiologue ; Nathalie de Castro, infectiologue ; Matthieu Saada, infectiologue ; Marie Lagrange-Xélot, infectiologue ; Anne Gervais, hépatologue ; Judith Trinquart, médecin légiste ; Muriel Salmona, psychiatre ; Jean-Pierre Salmona, cardiologue ; Nelly Mortiniera, endocrinologue ; Muriel Bénichou, endocrinologue ; Amina Radaoui, endocrinologue ; Agnès Setton, médecin du travail ; Marianne Baras, médecin légiste ; Gérard Lopez, psychiatre ; Marie Médus, médecin généraliste ; Claude Lejeune, pédiatre ; Anne-Laurence Godefroy, médecin généraliste ; Milagros Ferreyra, infectiologue.


mercredi 13 novembre 2013

Contribution du CERF à la commission spéciale sur la prostitution


Contribution écrite du CERF à la commission spéciale sur la prostitution

Nous souhaitons attirer l’attention de la commission sur :
-          un élément à prendre en considération dans la décision de limiter indirectement la « liberté » des prostituées (1) 
-          la nécessité de définir les relations sexuelles pour contrer la demande de « soins » sexuels aux infirmes (2)
-          et répondre à une question  du Président sur la notion de besoin (3).  [ voir ici :  http://videos.assemblee-nationale.fr/video.4823#     Audition de personnes sorties de la prostitution  ]
Nous vous indiquons également nos demandes sur deux  autres points de votre proposition ( 4 et 5). A leur sujet, nous approuvons les arguments déjà exposés par d’autres devant votre commission. 



1-     1-  L’achat d’acte sexuel, même éventuellement librement consenti,  doit être interdit au nom de la liberté des tiers. Il met en cause la liberté effective de chaque femme de ne pas se prostituer.

2-      2 - Définition des relations sexuelles devant rester hors commerce.

3-     3-  Il n’existe pas de besoin (ni masculin ni féminin) ni de droit à des relations sexuelles

4-     4  L’incrimination doit être délictuelle car  la prostitution est une atteinte à l’intégrité physique de personnes

5-     5  Mesures d’accompagnement : nous demandons l’abrogation de toute incrimination visant les prostituées, et l’abrogation de toute fiscalisation ou obligation au paiement de charges sociales portant sur les recettes de la prostitution : l’Etat et les caisses sociales doivent cesser d’être proxénètes.


1     -   L’achat d’acte sexuel, même éventuellement librement consenti,  doit être interdit au nom de la liberté des tiers.  Il met en cause la liberté effective de chaque femme de ne pas se prostituer.

Le législateur s’interroge sur le point de savoir s’il doit évaluer la proportion de femmes en situation de prostitution par choix, avant de décider de mesure restreignant leur clientèle. Notre réponse est non. Il faut refuser les objections à la pénalisation de l’achat de prostitution au nom de la liberté de prostituées qui seraient consentantes. Car même si  99% des femmes offrant un acte sexuel contre rémunération avaient pleinement consenti à cet acte, l’achat devrait en être interdit en raison de sa nocivité pour les tiers.
La liberté consiste à faire ce qui ne nuit pas à autrui, la liberté n’a de borne que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance des mêmes droits.
Tout comme la liberté du commerce valablement consenti entre des parties est limitée en raison de l’intérêt des tiers, l’achat de prostitution est une atteinte nécessaire à la liberté du client et de la prostituée même dans l’hypothèse où celle-ci serait pleinement consentante, en raison de l’intérêt des tiers.
Or lorsqu’un homme (ou éventuellement une femme) achète à une femme ou un jeune homme un acte sexuel,  la liberté d’autres femmes ou jeunes filles de refuser  de se prostituer est réduite et remise en cause.  Car son acte entraine une série d’autres actes et situations qui vont réduire ou anéantir la liberté d’autres femmes de  refuser la prostitution ou le chantage à l’emploi. Cet acte est donc dangereux pour la liberté d’autrui et doit pour cette raison être interdit.
Lorsqu’un homme paie pour un acte sexuel,  il fait savoir aux femmes qu’il est prêt à utiliser son argent, son pouvoir économique pour un autre usage que l’entretien de son propre foyer, ou la charité envers les personnes dans le besoin, ou bien envers les salariés de son entreprise. 
Il fait savoir qu’il existe dans la société des fonds qui sont réservés à celles qui acceptent l’accès, la mise à disposition de leur corps, mais pas pour les autres.
Il fait savoir qu’il existe des hommes qui estiment que l’accès au corps d’autrui est pour eux une aspiration, un désir suffisant pour justifier une dépense, qui estiment ou prétendent pour certains qu’ils en auraient besoin, ou qui estiment qu’ils le « valent bien ».
Ce message signifie aux femmes, qui si elles ont besoin d’argent,  elles en trouveront plus difficilement en refusant des actes sexuels.
Car les hommes qui auront affecté de l’argent à l’obtention d’actes sexuels, font ainsi savoir qu’ils ne sont pas disposés à épouser des femmes qui n’acceptent pas certaines pratiques sexuelles, qu’ils ne  sont disposés à aider sans contrepartie des femmes dans le besoin.
Ils font savoir qu’ils ne sont pas enclins à embaucher des femmes qui ne leur fourniront pas en plus de leur travail, des faveurs sexuelles quelconques : de la relation sexuelle proprement à l’acceptation d’entendre des propos sexuellement explicites, en passant par les mains aux fesses et autres contacts ayant une signification sexuelle.
Dès lors que des hommes font savoir qu’ils sont dans cette disposition d’esprit, parlent de « besoin », se présentent comme « demandeur »,  ils créent une incitation pour des femmes et leurs proxénètes à produire une « offre ».
En effet, dès leur qu’un commerce est envisageable, les personnes recherchant un profit vont non seulement créer une offre. De plus, elles vont rechercher à provoquer une augmentation de leur marché par une augmentation de la demande, elles vont « créer le besoin », et même tenter de créer une dépendance au produit.
Ainsi, les femmes prostituées et leurs proxénètes, marchands de pornographies inclus, vont tenir un discours faux et dangereux sur la sexualité et l’affectivité humaine et sur les femmes, en disant aux hommes qu’ils ont des besoins irrépressibles et qu’il y a des femmes faites pour cela.
Ces deux affirmations sont fausses et dangereuses. Fausse, ce  sera l’objet de notre deuxième partie.
Dangereuses car elles incitent ou favorise au viol, à  l’inceste et au chantage à l’emploi.
Elles incitent au viol car elles lui donnent une prétendue justification et une prétendue excuse : s’il y a besoin …
Elles favorisent l’inceste car elles lui donnent une prétendue excuse : la petite ou jeune fille ferait partie de ces femmes « faites pour cela », aimerait cela. Comme l’expliquait encore il y a peu la psychanalyse : elles fantasment toutes cela…
Elles favorisent le chantage  à l’emploi car si l’acte de sexuel est présenté comme si anodin, si peu de chose, pour certaines femmes, il peut apparaitre naturel à des employeurs  ou collègue  de demander aux femmes de le donner en prime avec leur travail, ce n’est pas leur demander grand-chose au fond …
Tant que l’achat d’acte sexuel ne sera pas interdit, les pressions exercées sur les femmes pour entrer dans une situation de prostitution ou céder à un chantage à l’emploi, seront fortes et ne pourront pas être efficacement contrecarrées. La liberté des autres femmes de ne pas se soumettre à la prostitution sera entamée en pratique. Toute femme, sera menacée d’être frappée par le « stigmate de la putain ».
Le droit commercial interdit certaines pratiques commerciales qui sont pourtant réalisée avec un consentement parfait des parties prenantes, en raison de leur nocivité pour des tiers, pour l’intérêt général. Si l’on considère l’aspect marchand de l’achat d’acte sexuel, on voit que le type de problème est le même :  quand bien même la convention serait irréprochable entre les parties, la réalisation de certains actes contre paiement, doit être interdite en raison de leur nocivité pour les tiers.
Il est assez grotesque d’entendre, au sujet de la prostitution, des plaintes sur un ton geignard émaner par des hommes d’affaires ou de politiciens parfaitement informés du droit commercial et de la loi de l’offre et de la demande. L’appel à la sensiblerie ou à la commisération table de manière à la fois cynique et insultante sur une naïveté des femmes et de leurs défenseurs à propos du droit des affaires. Il table aussi sur la propension à voir « différemment » tout ce qui concerne les femmes.  Mais les partisans de la liberté de commercialiser l’acte sexuel, placent eux-mêmes le débat sur le terrain du droit commercial  …  Parlons donc liberté de commerce.
Le droit commercial interdit par exemple la vente à perte.  Dans le cas de vente à perte, toutes les parties sont consentantes. Le producteur ou le distributeur a librement déterminé son prix, le consommateur est tout prêt à acheter à un prix favorable.
Mais la réalisation de ventes à perte a des effets destructeurs sur l’économie. Elle  aboutit à la destruction d’entreprises concurrentes, incapable de financer un alignement sur les prix cassés. Cette destruction entraine des pertes d’emploi et de capacité de production.  Elle aboutit ensuite à des situations de monopoles. Ce monopole signifie une réduction de la diversité de la qualité des produits. Il permettra par contre ultérieurement de pratiquer des prix à forte marge bénéficiaire. 
Les tiers sont donc lésés : le pays perd des capacités de production, les consommateurs à terme seront victime de monopoles, limitant leur choix de produits et les obligeant à acheter à des prix plus élevés.
Le législateur a donc interdit la vente à  perte, (tout comme la formation de monopoles), pour assurer la bonne santé du tissu industriel et commercial.
A fortiori, il doit interdire une pratique qui des conséquences sur la protection de l’intégrité physique des personnes.

2     -      Définition des relations sexuelles devant rester hors commerce.
Est une relation de nature sexuelle, tout contact physique, visuel ou auditif avec le corps d’autrui dans ses aspects sexuels.
Toute relation sexuelle doit rester hors commerce. Elle implique une relation avec l’intimité de l’être de chaque personne qui ne peut faire l’objet d’un engagement juridique. Y compris dans le mariage.
Les « soins sexuels » revendiqués par certains handicapés impliquent des contacts de cette nature et constituent donc des relations sexuelles. Leur achat doit être inclus dans l’interdiction d’achat d’actes sexuels.

3     -   Il n’existe pas de besoin ( ni masculin ni féminin) ni de droit à des relations sexuelles
L’être humain a des besoins affectifs et de communication, mais nul besoin d’accéder au corps d’autrui. Le besoin affectif est au contraire antagoniste avec l’attitude prédatrice et égoïste de ceux qui s’imaginent avoir des besoins physiques à satisfaire en instrumentalisant l’autre.
Le « besoin » n’existe pas plus les hommes que les femmes.  Pour les hommes, aucune activité sexuelle volontaire n’est indispensable à leur bonne santé. Physiologiquement les médecins expliquent que le corps masculin se régule de lui-même.
Médecins et moralistes expliquent la sensation de manque vient des fantasmes (l’absence de chasteté mentale disent les moralistes) et non de la physiologie. L’envie n’est pas le besoin, l’appétit n’est pas la faim. Des moines hommes et femmes,  vivent dans la « chasteté », l’absence d’activité sexuelle volontaire, à la fois mentale et physique, sans que leur santé physique ou mentale s’en ressente.  C’est « leur choix » …

Les hommes n’ont pas à choisir entre être des hommes-masculins et être des Hommes, des hommes biens … La condition masculine a ses difficultés, car la possession de la force oblige à la maitriser, ce qui n’est pas chose facile ; mais elle n’est pas si atroce qu’elle empêcherait d’être affectivement en harmonie avec l’autre et moralement en accord avec soi. 

dimanche 3 novembre 2013

L'appel "Touche pas à ma pute" humilie les femmes

L'appel "Touche pas à ma pute" humilie les femmes

LE MONDE | 29.10.2013 à 08h11 | Par Anne Zelensky (Présidente de la Ligue du droit des
« Touche pas à ma pute », tel est l'intitulé d'une pétition qui sera publiée dansCauseur de novembre. Elle est le porte-étendard du « Manifeste des 343 salauds ». Voilà un acte militant inédit : les hommes n'avouent pas aisément fréquenter les putes. Et se préoccupent plus d'utiliser ces dames que de les défendre.

Mais ce manifeste va encore plus loin, et se réclame paradoxalement d'un autre manifeste célèbre : celui des « 343 salopes », publié en avril 1971 dans Le Nouvel Observateur, pourdéfendre la liberté d'avorter (« Je déclare avoiravorté »). Je suis, avec d'autres, à l'origine de ce manifeste. Une précision utile : nous n'avions pas choisi de nous appeler « salopes », ce qualificatif nous est venu du dehors, de Charlie Hebdo. Si on comprend bien, le terme de « salope » désignerait donc toute femme qui enfreint les règles de la bienséance féminine officielle, pute ou féministe.

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Dans le manifeste « Touche pas à ma pute », les signataires eux, ont choisi le terme de « salaud » par référence aux « salopes » de 1971. C'est là que je m'interroge. Quelle filiation peut-il bien y avoir entre nous, les « salopes » qui réclamions la liberté interdite de disposer de notre corps, et ces « salauds » qui réclament aujourd'hui la liberté de disposer contre rémunération et sans pénalité du corps de certaines femmes ? Dans le premier cas, il s'agit de lever une oppression, dans le second, de la reconduire. Et ce au nom du même concept : la liberté. Où est la faille ?
Ce qui chiffonne mon sens de la logique en effet dans cette proclamation, ce n'est pas tellement qu'elle défende une forme de prostitution qui concerne une minorité de personnes, persuadées de l'avoir choisie. Ce n'est pas tellement qu'elle véhicule une contradiction majeure : elle met de côté la souffrance et l'humiliation de la majorité des « forçates » du sexe, tout en condamnant les réseaux proxénètes, qui en sont les pourvoyeurs.
LIBERTÉ OU ASSERVISSEMENT ?
Ce qui me chiffonne, c'est cette référence à la liberté. L'occasion est donnée une fois de plus de constater les dévoiements infligés à cette idée. Ce mot connaît depuis des décennies des accommodements qui reviennent à en faire le contraire de ce qu'elle est censée être. La doxa de notre temps s'incarne dans la trilogie : « liberté d'expression », sacralisée par la loi 1881 sur la liberté de la presse, le « touche pas à » (on est passé du pote à la pute) et le « c'est mon choix ». Le tout chapeauté par le credo : « Tout se vaut » (les arts, les cultures, les dominations) ou concept d'équivalence. Tels sont les piliers qui soutiennent l'édifice construit à la gloire de « ma » liberté. Qui ne connaît pas de limite.
Et voilà comment la liberté de disposer de son corps, revendiquée dans le « Manifeste des 343 », se voit étendu à des pratiques -– liberté de se prostituer -– qui en constituent le contraire. Comment peut-on en effet revendiquer comme liberté ce qui en fait la bafoue ? La liste est longue dans l'histoire, de ceux et celles qui ont préféré leur esclavage à la liberté, tant sont fortes l'emprise du conditionnement et la fascination de la soumission. Des esclaves noirs affranchis qui ne voulaient pas quitter leur maître, à la fameuse héroïne d'Histoire d'O, qui consentait à être asservie, on n'en finirait pas d'énumérer les zélateurs de la « servitude volontaire ». Dans cette pétition « Touche pas à ma pute », par un tour de passe-passe pervers, la liberté est mise au service de la défense d'un esclavage de fait.
Dans cette affaire de prostitution, personne n'est en fait libre : ni la pute ni le client. A part quelques rares exceptions, la majorité des personnes qui se prostituent le font par contrainte économique ou psychologique. Soyons sérieux : ce n'est pas une partie de plaisir d'ouvrir ses jambes à la demande, plusieurs fois par jour. Quant au client, il est pris dans un système de relation homme-femme, fondé sur le malentendu et la peur.
Quoi de plus rassurant que le scénario prostitutionnel ? Tout y est prévu : il paye, elle exécute. Elle lui offre la satisfaction de ses fantasmes ; elle l'écoute ; elle ne le juge pas. La femme idéale en somme. Il peut régresser avec elle en toute innocence, larguer un moment tout ce qui le contraint à être un homme : les responsabilités, le sérieux, la maîtrise. Le pied, non ? Etre un homme n'est pas si facile, et on peut comprendre les délices de ce lâcher-prise. Qu'il soit inavouable est bien le signe qu'il est merveilleusement transgressif. Il faut en effet un certain goût de la provocation aux signataires du « Manifeste des salauds » pourreconnaître qu'ils vont chez les putes.
Ce manifeste s'inscrit dans la guéguerre que se livrent les sexes. C'est la réponse du berger à la bergère. La revanche de certains hommes contre la libération des femmes passe sans doute par ce pied de nez. Tu as voulu être libre ? Eh bien, moi, ça ne m'empêchera pas d'aller chez les putes. Les femmes esclaves, j'aime. Au moins elles ne me demandent rien, elles me prennent comme je suis. Là est le hic. Le féminisme a introduit dans la bergerie des sexes le dangereux loup de la lucidité. Les femmes ne veulent plus faire semblant de prendre les hommes tels qu'ils sont, et elles en ont assez d'être prises pour ce qu'elles ne sont pas. Pouce ! Il fautinventer un autre jeu.

jeudi 31 octobre 2013

Julie : « Une vie de sans-papiers dans mon propre pays ».

http://abolition13avril.wordpress.com/2013/10/26/julie-une-vie-de-sans-papiers-dans-mon-propre-pays/


Julie : « Une vie de sans-papiers dans mon propre pays ».
Publié le octobre 26, 2013
Julie était secrétaire. Une séparation, un surendettement, deux enfants à élever… Elle est devenue « escorte » sur Internet. Mieux que tous les discours, son histoire montre un processus d’enfermement dont il est bien difficile de s’extraireVoici le second témoignage de notre campagne « un jour, un témoignage ». Par ailleurs, pour connaître les dates du Tour de France de l’abolition, cliquez ici
Il y a 4 ans que je fais ça. Personne n’est au courant. Si, mon frère. Un soir, j’ai craqué et je l’ai appelé. J’avais l’habitude qu’il vienne quand j’allais mal. Là, je m’étais mise à prendre de l’alcool, des cachets, beaucoup de cigarettes.
Depuis 4 ans, ma vie tient à un fil. J’ai une vie clandestine, presque de sans papiers dans mon propre pays. Je fais attention à ce que je dis. Une part de ma vie ne doit pas exister. J’en suis presque à avoir peur de ce qui pourrait m’échapper en dormant. C’est éprouvant. En plus, je me dis que j’ai créé un secret de famille et que je le fais peser sur les épaules de mes enfants.
J’ai gardé mon prénom. Je ne me voyais pas m’identifier à une Vanessa ou m’appeler par un nom qui finit en « a ». Je tiens à affirmer mon identité. En plus – j’habite une ville moyenne – je me dis que ceux qui auraient un doute ne viendront pas.
L’enfermement, je l’ai senti arriver très vite ; dès la première année. Je me suis mise à fuir les rapports sociaux. Dès qu’on me demande « et ton travail ? », je prends la fuite. Aux réunions de parents, je me sens en marge. Je ne me lie pas de peur d’être « découverte ». J’ai l’impression de porter un masque en permanence. Je ne suis jamais moi-même. J’entre même dans une forme de paranoïa : je regarde les gens et je me dis, ils savent. Ou bien : s’ils savaient ! Je vis un enfermement qui a envahi tous mes rapports humains. Je suis désocialisée. J’ai désappris à travailler avec d’autres. Et puis, maintenant que je fais ça, me présenter quelque part, c’est me présenter comme qui, comme quoi ?
On est nombreuses à faire ça. Ce n’est pas un choix. C’est la situation dans laquelle je m’enfonçais qui m’a poussée. Je n’avais rien d’autre à vendre que mon corps. J’ai mes filles une semaine sur deux. Je ne pouvais même pas leur donner 5 euros pour aller manger avec une copine.
Loyers impayés, huissiers, surendettement
J’étais secrétaire et je gagnais 1300 euros nets, et mes 150 euros d’allocs. J’ai quitté mon compagnon au bout de dix ans de vie commune. J’étais dépendante, je n’avais qu’un congé parental. Il a tout gardé, la maison notamment. Il devait se dire que je serais bien obligée de revenir. Je suis partie avec un surendettement. La descente a été rapide : les loyers impayés, les huissiers. Je leur ai demandé si ça ne les embêtait pas de mettre sur la paille une mère de famille pour récupérer 300 euros sur des meubles Ikea. Surendettement, ça veut dire plus de chéquier, plus de carte bleue ; obligée de tout payer en espèces. On est marquée, désocialisée.
A l’époque, j’étais amoureuse d’un homme (une histoire immonde, il avait omis de me dire qu’il vivait avec une femme). En voyant ma situation catastrophique, il m’a dit que j’avais des qualités sensuelles et sexuelles et qu’il y avait pour moi un moyen rapide de gagner de l’argent. Je me suis dit : l’enfoiré ! Mais l’idée a travaillé dans ma tête. Il a été le déclencheur.
C’était il y a près de quatre ans. Je suis allée voir sur un site bien connu. A l’époque, c’était gratuit. J’ai tapé une annonce pour des massages. Je me suis mise en arrêt de maladie, j’ai pris un petit meublé puisque j’avais des fiches de paye. J’étais un peu perdue. Puis j’ai été rayée des cadres pour abandon de poste. J’avais envoyé un arrêt de travail qui n’aurait pas été reçu. On m’a mise devant huissier et j’ai du payer 1500 €. Je n’ai eu aucune indemnité. Quand je me suis inscrite à l’ANPE, je n’avais donc droit à rien. Par contre, l’ANPE exigeait des choses de moi : il fallait que je suive des trucs pour faire de l’aide à domicile, c’était complètement hors de ma demande, j’ai arrêté. J’ai deux enfants. Et je vis de quoi ? L’ANPE s’en fout ! Ca ne pose de problème à personne.
Je me suis retrouvée au RMI. En tant que travailleuse pauvre, j’ai été suivie par une assistante sociale. Elle me reprochait de ne pas aller la voir plus souvent. Pour moi, c’était une question de fierté. Pourtant, elle avait compris que j’avais des idées suicidaires. A l’époque, je me suis fait des scarifications et des brûlures de cigarettes, comme quand j’étais ado. Cette démarche de se saigner, c’est comme de laisser échapper ce qui fait mal.
Le premier mois, j’ai gagné le triple de mon salaire habituel. J’ai fait jusqu’à 6000 euros en « voyant » cinq à six hommes par jour. Là, on se perd ; on n’est plus un être humain. J’ai réagi. Actuellement, je suis descendue à deux par jour. Avec mon appartement, mes enfants, le studio que je loue et mon téléphone portable, il y a déjà 2000 euros qui sortent. En 4 ans, j’ai mis péniblement 7000 € de côté. Le problème, c’est qu’on peut vite devenir accro à l’argent rapide. Au début, je me suis acheté un ordinateur portable. Mais j’ai senti le danger. J’ai la notion de l’argent et je veux la garder. Je ne me paye pas de sacs Channel, il faut que je reste cohérente. En tout cas, je peux payer de vraies vacances à mes enfants. Et je me déculpabilise en me disant : je n’ai rien demandé à personne.
D’autres n’auraient pas franchi la frontière…
D’autres femmes, dans la même situation, n’auraient sans doute pas franchi cette frontière. Jusqu’où mon propre vécu, avec un inceste, des viols, a t-il rendu le passage plus « facile » – facile n’étant pas le mot -, je me pose la question.
J’ai grandi dans une famille toxique. A 8 ans, j’ai vu mon père frapper ma mère jusqu’au sang. Il était d’une jalousie pathologique ; un père sanguin, violent. Et absent. A nous aussi, il cassait la figure ; aux aînés surtout. Après le divorce de mes parents, j’ai choisi d’habiter avec ma mère. Elle était anorexique, elle volait, elle buvait, elle ramenait des hommes à la maison. Moi, je fuyais dans les bistrots. Un jour, elle a appelé la Ddass et je suis partie. J’ai arrêté le lycée. J’avais 16 ans. Je sais ce que ma mère dirait si elle apprenait ce que je fais : « Ca ne m’étonne pas, tu ne pouvais finir que comme çà. »
Dans la tête de mes parents, j’étais un garçon ; ce qu’on appelle un garçon manqué. En fait, une petite fille massacrée. Matériellement, je n’ai manqué de rien. Mais j’ai eu un traitement à part. Comme si je portais le poids d’une faute. J’étais la seule qu’on envoyait en colo en décrétant que j’aimais ça. Je me considère comme celle qui n’avait pas de place, comme la stigmatisée, comme l’enfant buvard qui recueille tous les problèmes de la famille. Je n’étais pas une fille aimée.
Mon frère a eu des gestes incestueux sur moi. J’avais entre neuf et onze/douze ans. Je l’entendais monter l’échelle de meunier de ma mezzanine. Je faisais semblant de dormir ; j’étais incapable de dire non et je m’en voulais. Plus tard, j’ai été violée plusieurs fois. La première fois à 14 ans. Après, c’était terrible pour moi, la sexualité. Forcément, je fais un lien… L’agresseur était un bon père de famille qui avait déjà violé des femmes, mais jamais encore une mineure de moins de 15 ans. On m’a dit qu’on m’appellerait pour l’identifier. Plus de nouvelles. Ma mère a étouffé l’affaire. Je n’ai jamais osé lui demander pourquoi.
On est restés dans un non dit total. Comme si ce viol n’avait jamais existé. J’avais 30 ans quand j’en ai parlé à mon père. Il n’a rien fait. Maintenant, au plan juridique, c’est trop tard. Les faits sont prescrits. Il y a quelques années, j’ai accusé ma mère de ne pas m’avoir protégée. Je suis restée deux ans sans la voir. Au bout de deux ans, c’est moi qui me suis sentie la mauvaise fille. Elle, elle attendait mes excuses. Mes parents ne se remettent jamais en cause. C’est toujours moi la coupable. Il y a quelque temps, j’ai laissé un message sur le portable de mon père ; j’étais en larmes. Il ne m’a même pas rappelée. C’était mon dernier appel au secours ; j’ai compris que c’était vain. Bref, aujourd’hui, mon père se fout pas mal de moi, ma mère ne cherche pas à savoir, je ne vois plus deux de mes sœurs. Ils se doutent, étant donné mon niveau de vie, mais tout le monde fait la politique de l’autruche.
De toute façon, je vis avec l’idée qu’il ne faut jamais faire confiance à personne. Que je ne peux compter que sur moi-même. Donc je ne demande aucune aide. Au fond, je ne m’en sens pas le droit, comme par auto punition. Si, j’ai recommencéà voir un psy.
Une fatigue perpétuelle
Pour se prostituer, il faut un état de concentration très particulier. Je prends des pétards, éventuellement des médicaments, des calmants. Faire ça, c’est être dans l’abandon d’une partie de soi ; c’est une forme de mort. Un jour un homme m’a dit : tu peux te dissocier. Pour eux, faire l’amour ça n’engage à rien ; en plus, ils se disent qu’on gagne de l’argent. Dire qu’on peut se dissocier, qu’on ne donne rien de soi, c’est bien une parole de mec ! Je vis dans une fatigue perpétuelle. Comme si elle était constitutive. Après quelques jours de break, j’ai été obligée de reprendre. C’était un lundi. Le mardi, j’étais couchée à 18h…
Je suis sans illusion sur ces hommes. Il y a des prédateurs. Ils se disent que le client est roi. Ils sont prêts à tout pour ne pas payer. Il y a ceux qui oublient leur portefeuille, ceux qui me menacent de chantage ; ceux qui passent cinq textos de suite (j’ai envie de leur en coller une). Certains pensent même qu’on a du plaisir ! C’est pathétique. Ils sont mariés, en grande majorité. Ils nous racontent leur vie, disent qu’ils aiment leur femme et montrent les photos des enfants. Ils m’expliquent que je ne suis pas une prostituée mais une maîtresse. Ca les déculpabilise. Quand il y a eu le débat dans les médias sur la proposition de pénalisation des clients, il y en a qui m’ont dit : « Tu te rends compte, mais c’est quand même un droit ! » Ils m ‘expliquent aussi que c’est la nature qui les pousse – ils ont des pulsions – ou qu’il faut rouvrir les maisons closes. Je suis bien obligée de me taire ou de dire comme eux. En réalité, je suis pour qu’on les pénalise ! C’est à cause d’eux que la prostitution existe !
Internet est un système pervers. Des hommes me disent qu’ils ne seraient jamais devenus « clients » s’il n’y avait pas eu Internet. Idem pour moi. Sans Internet, je n’en serais pas là. En plus, moi qui n’ai mis mon annonce que sur un seul site, je la retrouve qui se balade sur le Net. On perd complètement le contrôle. Mon téléphone et mon adresse se promènent dans la nature. On se retrouve sur des sites avec des forums immondes. Les clients échangent leurs commentaires – gratinés – sur les femmes. Ce sont vraiment des tarés. C’est d’ailleurs à ce système que j’attribue la visite d’un type qui m’a agressée : il est parvenu à rentrer chez moi. Habillé de noir, avec un masque sur le visage. J’ai eu le réflexe d’appeler un homme dans mon appartement (en réalité, il n’y avait personne) et il a pris peur. Il m’a quand même donné un coup dans la poitrine et m’a lancé un coup de bombe lacrymogène.
Une forme d’autodestruction
Je voudrais arrêter au plus vite. Retrouver un mi-temps. Mais je ne peux pas tout changer du jour au lendemain. Il faut une progression et accepter de gagner moins. Je ne mets plus d’annonces depuis un an. J’ai réduit au maximum et je ne vois plus que des habitués. J’attends la fin de mon surendettement. Je viens de faire un stage de massage (un vrai). Pendant ce stage, au delà de l’appréhension, normale, de me trouver face à des gens inconnus, j’ai vécu le sentiment terrible d’être en marge, avec la peur qu’on me demande ce que je fais. En plus, le formateur a parlé de « l’escorting » en insistant sur la distinction. Je me sentais mal, comme si j’étais en faute. Maintenant, pour me lancer, il faudrait que je trouve un local. Mais comment en louer un sans feuille de paye ? Je suis fatiguée de devoir tout faire toute seule, et de tout le temps me cacher.
En fait, je suis coupable de tout, tout le temps. Coupable de ne pas donner de nouvelles à ma mère (qui, elle, ne m’en donne jamais), coupable d’avoir été violée, coupable d’avoir fait confiance, récemment, à un homme avec qui j’ai vécu trois mois de bonheur ; en fait un prédateur qui a utilisé mes faiblesses. Il allait me sortir de là, il me parlait d’avenir. Et puis il m’a liquidée. Par texto. Cette rupture a été aussi violente qu’une mort subite. Je suis restée en état de choc.
Quand je suis allée le voir pour qu’on s’explique, il est devenu agressif, brutal. Si je porte plainte, je sais qu’il a un moyen de chantage contre moi. Comme un autre ancien compagnon qui avait usé du même procédé : on va dire à tes enfants que leur mère est une pute. Cette blessure, elle est au delà de tout ce qu’on peut imaginer. Avant, j’ai eu aussi une histoire dont je suis sortie en me sentant sale, coupable.
Maintenant je comprends que j’étais une proie facile ; cet homme-là m’a manipulée depuis le début, il a parfaitement compris où étaient mes failles. J’ai une faille affective, c’est un gouffre. Et ma pratique l’a accentuée. J’ai d’un côté développé une force, de solitude, de survivance, mais ma carence affective s’est aggravée. J’ai perdu encore plus de clairvoyance au niveau des hommes.
Il y a une forme d’autodestruction là-dedans. La fascination de voir jusqu’où on est capable d’aller. Le besoin d’aller où c’est dangereux, risqué. Je me sens prise dans un piège. C’est un cercle infernal : c’est le produit de ce que je fais qui va m’aider à m’évader de ce que je fais. Sans la prostitution, je n’ai aucun moyen d’en sortir.

Témoignage initialement publié en mai 2012 sur le site de Prostitution & Société

Abolition ! Il est libre Max …

http://elisseievna-blog.blogspot.fr/2013/10/il-est-libre-max.html

Il est libre Max …

Une proposition de loi prévoit de réprimer l’achat de prostitution. Je l’approuve. J’estime que les peines prévues sont bien légères, surtout lorsque cet achat représente un chantage à l’emploi.

Des hommes s’offusquent que l’on attente à leur « droit d’aller aux putes » : l’expression dit tout : les femmes sont des chiottes. D’autres disaient pour défendre au XIXeme siècle en France, la règlementation « sanitaire » de la prostitution qu’elle constituait un « égout séminal ». 

Plusieurs intellectuels ont concocté une pétition pour s’y opposer. Leur argumentaire réclame la « liberté », et proclame qu’il existe des femmes qui « aiment ça ». Ils déclarent qu’ils ne céderont pas aux « ligues de vertu », se demandent si la pornographie ne sera pas interdite demain. Ils prétendent vivre en « adulte »

Je m’honorerais de pouvoir prétendre appartenir à une ligue de vertu.  Je considère que l’interdiction de l’achat d’acte sexuel signifie évidemment l’interdiction de la production de pornographie avec acteurs.

Les connotations « adultes » contre vierges effarouchées des « ligues de vertu » donnent à ce texte un style « beauf ».

Le plus énorme est le mot « liberté ».
Liberté de quoi Max ?
Liberté d’être mené par le bout de ses boyaux.
Liberté d’être mené par ses hormones, envies et appétits.
Liberté d’être mené par le plaisir animal de faire plier et de soumettre.
Liberté d’imposer son corps à l’autre.
Liberté de jouir du fait de pouvoir lui imposer ce corps qu’il ne désire pas.
Liberté de forcer le consentement.
Liberté de jouir d’avoir obtenu que l’autre joue la comédie du consentement.
Liberté de pouvoir sentir sa réticence, son absence de son propre corps, sa souffrance, et d’en jouir.
Liberté de l’avilir.
Liberté d’user du pouvoir de l’argent.
Liberté de s’aveugler : non les femmes n’aiment pas « ça » mais juste l’argent qu’elles reçoivent.
Liberté de mentir car c’est bien parce qu’elles n’aiment pas « ça » que l’on s’excite à leur imposer.
Liberté d’être orgueilleux de pouvoir se les payer.
Liberté de ricaner des plus  faibles qui se débattent et de parler plus fort qu’eux.
Liberté de distordre les mots pour inverser l’apparence des culpabilités.
Liberté de s’avilir.
Liberté de céder aux tentations les plus viles … ?

On n’est libre de rien quand on n’est même pas libre d’avoir ce minimum d’amour pour les autres, qui est de ne pas leur faire violence sciemment.

elissievna

Compassion pour les consommateurs de prostitution ?!

Un lecteur m'adresse une pétition à paraitre contre le projet de loi abolitionniste réprimant l'achat de prostitution, je lui réponds que je suis abolitionniste et pour la loi suedoise ...

Il m'adresse les propos suivants : 
" Les Suédois me donnent froid dans le dos...je vous les laisse !Vous aussi, comme les communistes (sur un tout autre plan), vous croyez pouvoir changer la nature de l'homme 
(et la femme) ?
C'est une démarche inhumaine qui mène à la violence.
Je ne parle pas de toutes celles qui y sont contraintes, bien sûr.
Mais il y en a beaucoup que ça ne dérange pas du tout, et surtout, qui aiment l'argent.
Et tous ces hommes malheureux, à la sexualité misérable, pour trente-six raisons que nous n'avons pas à juger, qui y trouve un petit bonheur momentané et le calme de leurs pulsions ? Un peu de compassion peut-être ?"


Je publie ici ma réponse, non revue et corrigée ni ordonnée ni tempérée, car elle traduit la violence de cette pétition et de sa défense, et la répulsion qu'elle provoque en moi, tout en expliquant bien sur les raisons, précises, réelles, incontestables qui expliquent mon dégout moral et ma réprobation.  La justification de la violence, il faut bien le comprendre, est en elle-même une agression pour qui l'entend. 

voici la page où j'ai affiché des vidéos sur ce sujet. 


on me demande "de la compassion pour les malheureux clients des prostituées" :  compassion pour des violeurs ? pour des mecs qui profitent du pouvoir de leur fric pour se taper le plaisir d'imposer leurs boyaux, leur sueur et leur haleine au corps de femmes piégées dans cette situation, de femmes qui se droguent ou boivent ou se laissent tomber malades, pour supporter cette torture chinoise permanente, pas de compassion pour des salauds, non.

la seule voix de compassion consiste à leur dire d'arrêter d'être des salauds, de retrouver leur dignité, d'oser le cran de faire leur examen de conscience

"il y a des femmes que ça ne dérange pas"
" on ne peut pas changer la nature de l'homme et de la femme"
"ces hommes à la sexualité misérable"
" on ne doit pas juger"
" ils trouvent un bonheur momentané", " un soulagement à leurs pulsions"

j'ai rarement lu une vision aussi gerbante de la conduite  humaine en si peu de mot, tout est dégoutant, tout est inversé dans cette vision là

si, toutes les femmes prostituées en souffrent, il suffit d'écouter celles qui en sortent réellement, il suffit de s'imaginer à leur place et que ceux qui ont un doute aillent sur le trottoir en s'imposant de ne rien bouffer pendant un mois d'autre que ce qu'ils auront gagner avec leur cul et leur bouche

"sexualité misérable"
ils y  ont bien droit ces mecs à avoir une sexualité où on a de la nana, où on s 'éclate, ils le valent bien, on va pas quand même leur donner moins que ça, puisqu'on vous dit qu'il y  a des salopes qui aiment ça : moralité de l'adoration de la loi du plus fort, moralité du droit d'être supérieur, prétention et orgueil écoeurant : non mais "j'ai bien le droit, avec la valeur que j'ai, à ce que la vie, à ce que les plus faibles, me donne ce que je mérite, m'honore à ma juste valeur ! espèce de salope qui veut m'opprimer en me privant de mon du minimum"
cette expression synthétise en deux mots l'inversion totale des valeurs que le prostitueur commet
ce qui est misérable car bas, car violent, c'est l'orgeuil démesuré de s'emparer du corps de l'autre par la force de la pression du fric par pur orgueil de "l'avoir", t'as pas de l'autre suffisamment pour te sentir "non misérable", pour sentir ton pouvoir sur la nanas, alors tu te sers .. ce qui est "misérable" c'est  de décider de faire souffrir l'autre, de ne pas voir sa souffrance,
la "misère" considérée selon cette expression, c'est de ne pas avoir assez de consommation de femmes, d'avoir pas su les emballer, les "séduire", les obliger autrement, n'avoir pas assez de domination sur la réalité pour avoir réussi à s'approprier leur corps, leur disposition,  t'as pas réussi le top du pouvoir, arriver à les manoeuvre sans en avoir l'air, mec alors t'es nul, pauvre vieux, mais t'as du fric, tu peux les manoeuvrer en avouant que tu le fais avec du fric, ben fais deja ça,  alors sers toi, "tu le vaux bien"
il n'y a aucune misère autre que la "msière" d'etre ignoble là dedans
il y a par contre dans cette expression le chantage, la pression sur les femmes : espece de salope si tu t'opposes à ce que nous voulons, je dirais que t'es une salope, une violente qui "fait froid dans le dos", un monstre sans "compassion" et pas une femme, c'est toi que je ferais passer pour une ordure

la sexualité n'est jamais misérable que lorsqu'elle empêche d'avoir un comportement aimant envers autrui, là est la seule "misère" qui peut lui être liée, misère de l'égoisme, de l'enfermement en soi,

"assouvir ses pulsions" : il faut vraiment prendre les femmes pour des demeurées pour oser parler comme d'un bien d'un tel acte,  "assouvir ses pulsions" sur l'autre, chier sur l'autre, bouffer l'autre, " je le vaux bien", inversion totale, les pulsions dans le domaine sexuelle se maitrisent facilement, nul besoin d'utiliser autrui, il n'y a aucun besoin d'utiliser l'autre, et meme pour les pires infirmes qui voudraient se défouler, tous les matériaux existent : prétendre qu'il existe des "besoins" c'est se "foutre" du monde, prendre les femmes pour des connes, nier une fois de plus qu'elles ont aussi elles des désirs et des pulsions, la seule "misère" est d'être infoutu, de ne même pas songer à maitriser ses pulsions, cela oui, c'est de la misère morale

"bonheur momentané" : saloperie de jouir d'avoir pu se payer l'autre, dominer l'autre, le contraindre à ce qui lui répugne, puisque soit on plait soit on s'impose à celle ou celui à qui on ne plait pas, inversion totale d'appeler " bonheur", cette jouissance répugnante là, bonheur de voir souffrir en obligeant l'autre à souffrir et à taire sa souffrance, je m'impose donc j'existe, et je me fous de la gueule du monde en m'affichant moi "malheureux" de n'en avoir pas assez jusqu'à la prochaine fois, plaignez moi pauvre malheureux, réservez votre compassion pour moi et non cette salope qui m'a pris mon fric,

tout ce propos n'est qu'avilissement  de l'autre, manipulation, légitimation de l'abus de pouvoir, du fait de faire souffrir, vision dégradante de l'humain, négation de la souffrance de l'autre, calomnie des autres, réduction des autres au silence, pourriture morale

inversion totale des valeurs, saloperie totale  du comportement et de la prétendue justification

on nous reproche de vouloir changer la nature humaine ? parce que cette prétention à assouvir des pulsions au détriment de l'autre serait la nature de l'être humain ? non, c'est une vision culturelle, idéologique de l'etre humain, c'est une vision fashoïde, animalisante de l'être humain, une vision plus que basse.

l'expression "ligue de vertu"  employé récemment pour faire l'apologie de l'achat, résume aussi à elle seule, l'inversion et la violence des partisans du pouvoir du fric :  c'est le rire de celui qui a le pouvoir, qui se moque de ceux qui n'ont que la vertu pour se défendre, tourne en dérision ces "ligues" sans coup de poing, sans force de l'argent, cette idée ridicule de la vertu si faible par rapport aux pouvoir : la vertu est faiblesse, le pouvoir est donc la vraie valeur,  inversion des valeurs, menace : tu es faible, tu ne peux même pas empêcher mon rire, je t'écraserai et cela m'amuse, et je te montre que cela m'amuse pour t'impressionner et intimider qui songerait à te soutenir ... cette expression signifie toute cette pourriture "morale"


Il n'y a aucune justification à l'utilisation de son argent pour obtenir des relations sexuelles, strictement aucune, cette utilisation n'est qu'abjection à tous points de vue.

Fondation Scelles : communiqué


L’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres

Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits.

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789

La liberté sexuelle serait en danger en France et 343 signataires d'un manifeste s'engagent pour la
défendre. Par le titre donné à ce manifeste ils entendent se placer symboliquement dans la lignée
de celles qui ont défendu le droit à l'avortement, le droit des femmes à dire non à une grossesse
non désirée Ils se trompent de combat car la vraie liberté c'est en effet la liberté de pouvoir dire
non:


C'est la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes et à dire non par voix de référendum à ceux
qui les dirigent.
C'est la liberté des travailleurs de refuser des conditions de travail indignes qu'on veut leur
imposer sous la menace de la délocalisation.
C'est la liberté des personnes à circuler librement et à disposer d'elles-mêmes.
C'est la liberté de dire non à un potentiel partenaire sexuel qu'on ne désire pas.
C'est la liberté de refuser des pratiques sexuelles qui rebutent.


C'est de toutes ces libertés que sont privées l'immense majorité des personnes prostituées, dans le
monde et sur le territoire français.


Le vrai courage serait comme Simone de Beauvoir en son temps, de dénoncer les faits occultés par
la fiction et les fantasmes et d’appréhender les réalités multiples, le plus souvent sordides et
violentes de la prostitution aujourd'hui. Nous sommes en 2013 et bien loin d'Hôtel du Nord et de
Pretty woman.


Le vrai courage serait de s'engager pour que les millions d'enfants prostitués dans le monde ne
soient pas loués comme des bêtes de sexe pour la seule liberté sexuelle des adultes qui en abusent
Le vrai courage serait de lutter pour la liberté de circulation des jeunes femmes et jeunes hommes
enfermés, surveillés, privés de papiers, déplacés de force au gré de l'offre et de la demande par les
réseaux proxénètes.
Le vrai courage serait d'agir pour que les personnes prostituées puissent refuser les rapports
sexuels dégradants de leur point de vue et les rapports non protégés.
Le vrai courage serait de militer pour que de réelles alternatives soient proposées aux personnes
prostituées qui veulent en sortir.
Le vrai courage serait de permettre à toutes les personnes prostituées d'exercer leur libre arbitre et
de choisir librement ce qu'elles veulent faire et de leur vie et de leur corps.


Nous disons donc à tous les signataires du manifeste : vous vous dites respectueux des personnes
prostituées auxquelles certains d'entre vous auraient eu recours, vous ignorez la violence de
l'univers impitoyable du profit roi dans l'industrie du sexe?
Informez vous, interrogez les services de police spécialisés, interrogez les ONG qui sont sur le
terrain, lisez le rapport mondial sur l'exploitation sexuelle que nous publions annuellement, lisez
les actes du colloque que nous avons organisé sur l'argent criminel de l'exploitation sexuelle, lisez
les rapports de l'UNEDOC, de l’UNICEF, du GRETA, du département d'état américain sur la
traite.


Venez ensuite débattre avec nous, en pleine connaissance de cause, des moyens de garantir la
liberté sexuelle de chacun et chacune dans une société démocratique qui ne peut tolérer que le
corps humain soit une marchandise comme une autre.


Dominique CHARPENEL
Psychanalyste chargée de l'accueil des victimes, chargée de communication de la Fondation Scelles




Sylviane Agacinsky : Prostitution : oui, nous devons sanctionner les consommateurs !

Prostitution: oui, nous devons sanctionner les consommateurs !
Publié le 06-09-2012 à 12h22 - 

Par Sylviane Agacinski
Philosophe

PROSTITUTION. Loin d’éclairer la question de la prostitution, la tribune publiée dans "le Nouvel Observateur" l’obscurcit. Le problème est qu'elle ne fait pas de distinction entre la relation vénale occasionnelle entre deux personnes et la prostitution exercée "à plein temps". Du coup, elle situe la prostitution dans "un domaine éminemment privé" (sic), alors que la prostitution de masse, ou en série, met le corps des femmes sur le marché, c’est-à-dire sur la place publique.

.../... suite sur le Nouvel Obs Plus

Rachel Morgan : ex-prostituée

lundi 28 octobre 2013

Portail web lesbien


!! Recherchons Lesbiennes !!
 
Tu es solidaire, motivée, enragée et en colère face au système actuel ? Rejoins-nous pour travailler ensemble sur des projets par et pour les lesbiennes : toutes les compétences sont bienvenues : informatique, vidéo, audio, traduction, graphisme, communication, droit, comptabilité, créatrice de site internet,    … 


 !! Travailler ensemble sur quoi  !! 

à l'international, pour le Réseau Lesbien européen
sur l'histoire et  les archives avec la "Chronologie lesbienne"
pour un nouveau portail web lesbien 
sur le recensement des  "bonnes pratiques contre la lesbophobie"
avec le  groupe de travail sur les droits propres
et sur bien d'autres sujets ....

si tu viens au festival de films lesbiens et féministe de Pais, on pourra en discuter de façon très informelle

 !! Interessée ???

Écris au plus vite à la Coordination Lesbienne en France : clf.info@yahoo.fr 

On pourra en discuter de façon très informelle, par exemple à l'occasion du  festival de films lesbiens et féministe de Paris si tu y viens.
Rappel : Le Festival, c'est du mercredi 30 octobre 17H-minuit au dimanche 3 novembre 2013 (11H30-minuit) - Espace EFCB 23/25 rue Emile Zola - Montreuil 93100 - Métro Robespierre
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CLF Coordination lesbienne en France
Rencontrer la CLF  : chaque mercredi 
de 11H à 13H  à la Maison des Femmes de Paris. 163 Rue de Charenton  75012 Paris. M° Reuilly Diderot. (réservé aux lesbiennes et aux femmes)Contacter la CLF : Tél :  06 12 96 85 27
Mèl : clf.info@yahoo.fr
Site : http://www.coordinationlesbienne.org/

Contact C.L.F. Coordination Lesbienne en France : clf.info@yahoo.fr