Lettre de "Rainbow Brest" aux homophobes, à l asuite de "tweet" de haine nevres les homoseuxel-les, reçus après la Gay & Lesbian Pride
Cher ami homophobe,
Oh oui, tu as bien lu. Ami. Je ne suis pas comme toi. Je ne te déteste pas.
Toi tu vomis ta haine envers moi et ma communauté, mais moi, je ne sais pas
détester les gens, même comme toi. Tu sais, si j'aime les filles, et si je
roulerai une pelle à ma chérie devant tes yeux révulsés, ce n'est pas pour le
plaisir de te provoquer. C'est juste parce que je l'aime, et comme je trouve
que l'amour, c'est quand même un truc drôlement chouette, eh ben, comme ça,
hop, je lui prouve que je l'aime. Tu sais, l'amour, tu devrais essayer, ça
change la vie.
Tu parles de nous taper dessus, de nous cracher dessus, tu nous dis
malades, tu nous vois comme une honte de société, mais dis, est-ce que tu nous
connais ? Est-ce que tu sais qui on est, est-ce que tu vis nos vies, est-ce que
tu t'es dis que t'allais peut être tenter de nous connaître avant de nous juger
?
Non. Bien sûr que non. Parce que si c'était le cas, si tu savais qui on
est, tu nous aimerais.
Tu te rendrais compte qu'on est comme toi. On a des boulots, des apparts,
des amis, des problèmes, des familles, des chiens, des chats, et des fiancés et
fiancées qu'on n'a même pas le droit d'épouser. Ouais, là pour le coup, toi,
t'as le droit de te marier à qui tu veux et de divorcer et de recommencer. Ben
tu vois, nous, on peut pas. Nous, on est obligés de battre le pavé tous les ans
pour dire qu'on le veut, ce droit.
Viens avec moi, ami homophobe. T'es pas obligé de me tenir la main si je te
dégoûte tant, t'inquiètes. Au pire, j'ai des lingettes alcoolisées si tu me
frôles, tu pourras te désinfecter. Sait-on jamais, j'suis peut être
contagieuse. Viens avec moi. Viens faire le tour de ma communauté. Je vais te
présenter les gens qui tiennent nos associations, parce que, tu sais, c'est pas
en claquant des doigts qu'on va y arriver. Nous, on se bat tous les jours, on
n'arrête jamais, on écoute les victimes de ta bêtise, on les console, on leur
dit qu'on ne lâchera jamais rien, on panse leur blessures physiques et morales.
Est-ce que tu réalises seulement le sang dont tes mains sont tâchées ?
Est-ce que tu sais quels abrutis tes propos vont galvaniser, et croire que
taper sur d'la pédale, c'est bien ? Est-ce que tu les as vus, les bleus, les
coups, les membres cassés parce qu'un mec et son chéri ont croisé la route
d'individus qui n'ont rien de mieux a faire de leur vie ? Viens, on va aller
visiter les urgences qui voient passer ces victimes tous les ans, et tu sais
quoi, tu vas être frappé par leur fierté et leur force, parce que même si ils
et elles ont la peur au ventre sans arrêt, ils et elles continuent de battre le
pavé, de parler, de pointer du doigt les coupables.
Tiens, puisqu'on s'arrête aux urgences, je vais aller te montrer les
centaines de gosses qui tentent de se foutre la tronche en l'air toutes les
semaines parce qu'ils subissent l'homophobie de plein fouet. Je vais te les
montrer, les poignets tailladés, les boîtes de médocs avalées, les
défenestrations, et les cicatrices qu'ils vont garder à vie parce que leur vie
sexuelle est pointée du doigt. Je vais pas aller te montrer ceux qui sautent
des ponts, ou sur les rails, parce qu'ils ne sont plus là pour en parler.
Allez, on va passer par le cimetière, si tu ne sais pas quoi faire, viens
fleurir avec moi les tombes de tous ceux-là. Ça ne les ramènera pas, mais qui
sait, peut être que le silence d'une tombe d'une gamine de seize pige qui se
flingue parce qu'elle aimait les filles, ça va te faire réfléchir deux
secondes.
Tiens, puisqu'on y est, on va aller faire un tour en ville. Tu les as vus,
ces deux mecs qui se tiennent la main ? Je ne sais pas pourquoi, mais je les
trouve tellement beaux. T'as vu, les hétéros qui se prouvent qui s'aiment en
public, c'est quand même rare. Tu sais pourquoi nous on le fait ? Parce qu'on
aime. Et parce que nous, on a pas le droit de porter des alliances. Parce que
nous, on a pas le droit de célébrer dignement notre amour. Parce que nous, on
doit se contenter d'un pseudo équivalent, et, t'avoueras, là où on s'est bien
foutus de nos gueules, c'est que même vous, les hétéros, vous avez le droit de
vous pacser. Mais pas nous, de se marier. Logique ! Tu sais, dans le fond,
c'est pas très grave. Nous aussi on peut faire des super cérémonies avec les
soeurs de la perpétuelle indulgence (a l'occasion, je te les présenterai, je
suis sûre qu'une ribambelle de mecs avec du rouge à lèvres, ça va te plaire)
avec des promesses, des alliances, et des gens qui pleurent toutes les
larmes de leur corps parce que rien n'est plus beau qu'un vrai baiser entre
deux mecs ou deux nanas qui viennent de s'unir. Et puis, tu sais, même si la
société ne les veut pas "vraiment" mariés, eh ben crois-moi, dans les
coeurs de tous ceux qui y étaient, ils sont pourtant la définition même de la
beauté du mariage.
Oh regarde. Regarde. Deux nanas avec une poussette. Viens, on va leur
demander qui est le propriétaire de ce bébé volé. Tu entends ça ? C'est le
leur. C'est leur bébé. A elles. Elles sont deux nanas et elles ont un bébé.
Tiens, regarde, elles te le présentent. Il est beau, cet enfant, pas vrai ? Il
a les yeux de sa mère et le menton de sa mère. Tu sais, ce que ça va donner,
plus tard, cet enfant ? Un adulte. Avec une pincée de tolérance de plus que
toi.
Tiens, regarde, la nuit tombe. Tu vas bien m'accompagner a une de nos
soirées. On n'va pas s'arrêter en si bon chemin. Tu les vois, tous ces gens qui
s'apprécient sans se connaître ? Tu sais pourquoi ? Parce qu'on en bave
tellement, a longueur de journée, a bouffer tes propos, a se battre pour être
acceptés, a supporter les remarques à la con, que quand on se retrouve tous
ensembles, on est liés, d'office. Vous, quand vous vous beurrez la tronche,
vous vous battez, vous vous disputez. Nous, même avec une légère ivresse, on
continue de s'aimer. On ne fait que ça. On s'aime, on aime, et on voit dans
chaque nouvelle connaissance une richesse folle, et une raison de plus de se
battre pour tout ce que je t'ai montré.
Attends, j'ai pas fini. Viens, on va aller voir tous ces gens qui,
volontairement, bénévolement, avec tout leur espace coeur et temps libre,
tiennent a bout de bras les associations. Je vais te les montrer, les cinglés
qui écrivent des articles a trois heures du matin, ceux qui planifient les
actions futures, ceux qui passent leur vie au téléphone a soulager ce que vos
victimes n'arrivent pas à soulager. Chaque personne que tu vas pointer du
doigt, chaque corps souillé de tes crachats qui va chercher de l'aide, a toute
heure du jour et de la nuit, elle va nous trouver. On se bat pour que cette personne
sache qui appeller, et surtout, pour que cette personne sache que son combat
est notre combat.
Tu sais, nous, les pédés, les gouines, les lesbos, les broute-gazons, les
pédales, les trans, les travlos, les à voile et à vapeur, quand un de nous
tombe sous vos coups, c'est toute la communauté qui pleure. Sans exceptions.
Quand tu tires a boulets rouges sur l'un de nous, c'est nous tous qui tombons.
Et c'est nous tous qui nous relevons plus forts a chaque fois, parce que chaque
nom de plus sur le mausolée de votre bêtise est un nom de plus pour lequel on
va gagner, pour lequel on va tous vous braver, pour lequel on va l'obtenir,
notre foutue égalité.
Parce que demain, quand ton fils viendra te présenter son mec, tu penseras
a son bonheur.
Parce que demain, quand ta fille se mariera avec une autre nana, tu
pleureras parce qu'elles sont magnifiques et parce que tu en es tellement fier
que tu veux le dire à la terre entière.
Parce que demain, tu viendras grossir les rangs de nos marches de la fierté,
parce qu'on incarne l'amour. Rien que l'amour.
Parce que demain, quand on sera tous et toutes dans les rues a hurler notre
joie parce qu'on aura le droit de se marier, parce qu'on aura le droit d'avoir
des enfants, tu seras avec nous a sabrer le champagne.
Et parce que même si t'as rien pigé aujourd'hui, je ne te déteste pas. Tu
me fais pitié. Tu loupes ce que la vie a de plus beau a offrir. La joie, la
beauté, le plaisir, le bonheur, le partage, le courage, la fierté. Et l'amour,
bordel. Et l'amour.
Sincèrement,
Axy
(militante qui aime les filles, les garçons, les
garçons qui aiment les garçons, et les filles qui aiment les filles et puis
aussi les filles qui aiment les garçons et les garçons qui aiment les filles.)
P.S au fait, tu diras a tes copains et tes copines homophobes que même si
vous criez fort, on chantera toujours plus fort que vous. Toujours.
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