Christine de Pisan

Christine de Pisan

dimanche 30 décembre 2007

40 ans de la Loi Neuwirth : Communiqué du Planning Familial

Le CERF s'associe aux constats et revendications de ce communiqué :


COMMUNIQUE DE PRESSE

La loi libéralisant la contraception a 40 ans.


Il y a encore 40 ans, information et accès à la contraception étaient interdits par la « loi de 1920 ».
Le souci nataliste mis en avant masquait une résistance farouche à donner aux femmes le droit de maîtriser leur procréation : entre 1956 et 1967, 11 propositions de lois seront déposées par des formations de gauche pour modifier la loi de 1920 et toutes seront repoussées.A la croisée des campagnes électorales, d’une forte aspiration de la société (le Mouvement Français pour le Planning familial informait et procurait des moyens de contraception depuis 1956 et comptait 100 000 adhérent-es), et du développement des techniques médicales (Pincus avait mis au point la première pilule contraceptive en 1956), la Loi Neuwirth est adoptée en 1967.

Même si elle perçue comme très restrictive et très décevante par rapport à l’attente des militants du MFPF et d’une grande partie de la population, elle marque une étape dans le mouvement qui ne cessera de s’amplifier pour obtenir la libération de la contrainte procréative subie par les femmes.
Elle ouvre cette période où la libre disposition de leur corps sera un axe central de leurs revendications.

La loi Neuwirth a permis que la contraception ne soit plus réservée aux personnes nanties, en démocratisant son accès.
Aujourd’hui 80 à 85% des naissances sont planifiées contre 15% dans les années 60 (INED).

En 2007, où en est-on ?

Répondant aux demandes incessantes des associations et de notre mouvement, la Ministre de la Santé a lancé le 11 septembre 2007 une campagne de promotion de la contraception avec de concours de l’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé –INPES -.
Le slogan de cette campagne qui doit s’étendre sur 3 ans, est : «La meilleure contraception est celle qu’on choisit».
Notre mouvement en accord total avec ce message de santé publique, s’inscrit dans cette campagne nationale pour la promotion de la contraception. Il souhaite que ses déclinaisons locales permettent d’évaluer le décalage entre la réalité et ce message, afin de réduire les obstacles qui maintiennent l’inégalité actuelle d’accès à ce droit.

La contraception : une question sociale.

Régulation des naissances, prévention de l’avortement, droit d’exercer sa sexualité sans contrainte : la contraception fait partie aujourd’hui de la vie quotidienne des françaises. Fortement médicalisée en France, elle n’occupe pourtant qu’une part infime des études médicales, y compris spécialisées.
Si on lui demande d’être efficace, et d’entraîner le moins de contraintes possible, la norme sociale en fait le moyen qui doit permettre la venue d’un enfant quand la situation idéale pour l’accueillir est atteinte (études et carrière professionnelle de la femme comme de l’homme, stabilité du couple, acquisition de logement et des moyens permettant de fonder une famille) et ceci sans aucune faille. Dans la vraie vie, il en est bien autrement et les ratés de la contraception sont à gérer comme tout autre raté, de l’oubli de pilule au préservatif qui craque, de la pilule du lendemain à l’avortement. Car quelle est la personne prenant un traitement chaque jour pendant 30 ans, qui ne l’oublie pas une fois au moins ?

Les industries pharmaceutiques ont planché sur des formules plus « tolérables » : patch, anneau vaginal, implants … Si la contraception n’est pas un traitement de confort, si « la meilleure contraception est celle que l’on choisit », pourquoi ne pas rembourser systématiquement l’ensemble des moyens de contraception et maintenir une inégalité entre celles qui peuvent choisir et celles qui n’ont pas le choix ? Et qui, parce qu’elles n’ont pas ce choix, vont jusqu’à ne plus pouvoir se payer une contraception ? Les conséquences en sont beaucoup plus onéreuses en termes de santé publique !

De plus, tant que notre société ne s’attaquera pas à la domination masculine, et à ce qui est un blocage fondamental dans l’accès à l’autonomie des femmes, les violences, les normes et les interdits laisseront les femmes seules face à la contraception. L’implication des hommes, et la place qu’ils peuvent prendre dans les processus de choix des femmes pour leur contraception sont également essentielles.

Notre mouvement réaffirme à l’occasion de l’anniversaire de la loi Neuwirth, la nécessité de ne pas la laisser inachevée : rembourser l’ensemble des moyens de contraception, développer les dispositifs et les lieux d’information et d’orientation, développer la formation initiale et continue de l’ensemble des professionnels du secteur sanitaire et social, mettre en œuvre une véritable éducation à la sexualité de tous les jeunes, sont des conditions requises aujourd’hui pour que la loi instaurant le droit des femmes permette vraiment à chacune de bénéficier de la meilleure contraception, c’est-à-dire celle qu’elle a choisi.

Paris, le 24 décembre 2007

Mouvement Français pour le Planning Familial

Contact : Françoise LAURANT : 06 80 73 41 47 / mfpf@planning-familial.org

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