Pourquoi, moi, avocat, j'ai défendu Fanny Truchelut
Publié par Alexandre VARAUT le 19/10/2007 sur ResilienceTV
Je lis depuis des semaines des échanges sur l’affaire Truchelut dans la blogosphère.Il ne m’avait pas échappé que mon nom était beaucoup cité – rarement en bien – j’avais différé de répondre, soucieux de ne pas attiser de vaines querelles et me consacrer à la défense de Fanny Truchelut d’une manière qui ne soit pas purement déclamatoire.Il me semble maintenant que certaines choses peuvent être précisées.
Lorsque Fanny Truchelut l’été 2006 a été mise en cause, le Secrétaire Général du Mouvement Pour la France l’a effectivement appelée pour l’assurer de son soutien.Fanny avait alors besoin d’un avocat et le Mouvement Pour la France lui a recommandé le sien, qu’elle estimait compétent (pardon !), c’est ainsi que nous sommes entrés en contact.
Depuis lors, je n’ai reçu aucune instruction ni demande d’information de la part du Mouvement Pour la France qui m’a bien sûr laissé totalement libre d’agir au mieux des intérêts de Fanny Truchelut.
Ceux qui étaient à Epinal ou ceux qui ont pu lire les notes prises durant ma plaidoirie sur le site de « Riposte Laïque », savent que je n’ai fait appel ni à l’islamophobie ni au choc des civilisations, mais exclusivement au respect de l’égalité entre les hommes et les femmes.
Pour démontrer la légitimité de l’action de Fanny, j’ai rappelé que ce sont les pays musulmans eux-mêmes depuis les années 20 jusqu’à la révolution iranienne, qui avaient donné l’exemple du grand mouvement dit du dévoilement.
Il est bien certain qu’en prescrivant de renoncer au voile, Bourguiba et Mohamed V n’envisageaient pas de renoncer à l’islam.
Il n’y a pas un mot que j’ai prononcé dans cette plaidoirie qui puisse correspondre de près ou de loin aux fantasmes que paraît véhiculer ma personne.Peut-être la difficulté tient-elle chez certains militants à la compréhension du rôle de l’avocat.Le défenseur, quelle que soit son histoire personnelle, n’est jamais un militant. Il ne s’engage pas en son nom ou pour une cause, mais pour une personne dont il se fait le médiateur. L’avocat est appelé à l’aide pour mettre des mots sur des impressions, faire comprendre les réalités et donner aux faits leur exacte qualification juridique.Défenseur de violeurs et de femmes violées, d’assassins et de victimes, d’organisations catholiques et de militants laïques, je ne suis le militant de personne mais celui qui croit toujours que chacun a le droit d’être défendu et qu’un avocat n’a d’autre compte à rendre que celui de son travail.
L’essentiel étant dit, passons à l’accessoire.
Lors du procès, un des avocats de la partie civile a qualifié Fanny de militante catholique traditionaliste, ce qui prêtait au moins à sourire pour ceux qui savent qu’elle n’a même pas fait baptiser ses enfants. J’apprends qu’il en serait de même pour moi. J’avoue bien volontiers que je suis catholique. Je ne suis pas ce qu’il est convenu d’appeler un traditionaliste, même si j’apprécie les belles liturgies et si je ne vois pas de raison de les vouer aux gémonies. Il y a aussi me semble-t-il, des laïcs passablement intégristes et des laïcs modérés…
J’ai aussi un engagement politique, je fus député au Parlement Européen de 1999 à 2004, j’en suis fier, mais l’homme politique en moi ne commande jamais rien à l’avocat et si j’avais à choisir, c’est sans aucun doute ma vocation d’avocat qui l’emporterait.
J’ai lu aussi que j’avais sous la plume de Madame Caroline Fourest, que j’avais le grand tort d’être le fils de mon père, lequel aurait été l’avocat de l’AGRIF (une association catholique plus ou moins satellite du Front National). Je confirme que je suis le fils de mon père et j’en confesse une certaine fierté, mais je dois malheureusement décevoir les amateurs de simplicité et d’enchaînements logiques, en indiquant que celui-ci n’était pas l’avocat de l’AGRIF. Il est en revanche parfaitement exact qu’il a comme avocat participé à plusieurs procès qui ne le mettaient pas dans le camp des militants de la laïcité, mais j’ai déjà expliqué que – comme avocat - nous n’avions pas de camp, c’est là notre honneur et notre liberté.J’ajoute que dans le principe, je trouve détestable de stigmatiser quiconque au travers de sa famille, le regroupement familial sous bénéfice d’ADN que pratique Madame Fourest est un peu nauséabond …
J’ai découvert à l’occasion de ce procès, des militants sincères et dévoués, des combattantes de la cause des femmes intelligentes et déterminées. Nous savons que nous ne serons pas toujours des mêmes combats, mais nous avons fait quelques progrès de compréhension et d’estime mutuels que je ne juge pas négligeables.Je regrette bien sûr qu’il y ait toujours des sentinelles dans les miradors prêtes à tirer sur ceux qui franchissent les lignes. Ces vigilants gardiens de l’orthodoxie préfèreront toujours la droite ligne du parti à la réalité de la complexité humaine.Mesdames, Messieurs les censeurs, bonsoir !
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