RATP : la direction accepterait-elle que des noirs subissent le
sort des femmes ?
Je
me suis occupée à modifier une lettre que j’ai envoyé à mon PDG en juillet 2012
pour l’informer de ce que vivent les femmes de la RATP. J’ai volontairement
transposé notre situation à celle que pourrait vivre les hommes noirs si, par
malheur, des nostalgiques de l’apartheid venaient à s’imposer à la RATP.
( le passage sur le refus de prendre le volant du bus après son collègue a été
rajouté, car en juillet 2012 je n’avais pas connaissance de ces faits)
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Monsieur
Pierre MONGIN, Président Directeur Général de la RATP,
Je
viens, par la présente, vous informer, que les hommes noirs machinistes, dont
je fais partie, sont, au mieux, victimes de racisme ordinaire, au pire,
victimes de ségrégation de la part de nombreux collègues se disant ouvertement
nostalgiques de l’apartheid de l’Afrique du sud.
En
effet, ceux-ci refusent catégoriquement, en particulier, de nous serrer la main
sur notre lieu de travail, à un moment où nous nous apprêtons à prendre notre
service. Au seul motif que nous sommes
noirs.
« L’Homme
blanc ne doit en aucun cas toucher la peau d’un homme noir étant considéré que
son infériorité ne mérite pas le respect de la race supérieure blanche et que
l’homme noir est sale et grossier. »
Autrement
dit, les noirs, qui gênent par leur présence les hommes blancs, doivent se
soumettre à des codes de couleurs comme anciennement appliqués dans les
anciennes colonies britanniques sud africaines.
Comment
une entreprise, comme la RATP, qui se veut être à la pointe de l’ouverture et
de la diversité, peut-elle laisser se propager un système
ségrégationniste digne d’un temps révolu !?
Leur
prise de position n’est pas sans conséquence sur nos vies professionnelles.
Déjà
fortement touchés par les agressions au volant de nos bus, nous devons à
présent faire face à la violence de nos propres collègues. Si l’homme noir ne
se soumet pas, il est insulté, ce qui peut être passible des tribunaux. Les regards de certains hommes blancs sont siagressifs que nous ne nous sentons plus à l’aise dans nos salles de repos.
Certains nous disent que nous n’avons pas de légitimité pour occuper un poste
de machiniste et devrions quitter notre emploi plutôt adapté aux hommes blancs. Certains hommes blancs vont jusqu’à refuser de prendre le volant
d’un bus conduit préalablement par un homme noir. Petit à petit on nous pousse à l’isolement. Les relations de
travail se crispent, l’ambiance se dégrade. Et pour éviter les conflits,
certains d’entre nous (je l’avoue, moi aussi) baissent les yeux et courbent
l’échine.
Il
y a quelques mois, j’ai été voir mon Responsable Ressources Humaines pour
relater ces faits. Celui-ci m’a fait comprendre que, au nom de la « paix
sociale », il ne ferait rien. Il m’a signifié qu’unecommission sur le racisme et la ségrégation dans l’entreprise avait été
créée. Hors, de cette commission, pour l’instant, il n’a été produit aucun
document, aucune information, aucun rapport… Tout le personnel concerné
attend avec impatience les conclusions de celle-ci.
Les
hommes noirs représentent environ 10% de l’effectif machiniste. Nous
sommes minoritaires et pourtant, depuis plusieurs années déjà, nous avons fait
notre chemin. Nous avons surmonté les préjugés et les commentaires racistes, en
d’autres termes, nous avons réussi notre intégration dans
l’entreprise.
Nous
participons activement à son évolution et pourtant, l’atteinte à la
dignité et au respect que nous subissons actuellement nous propulse au
rang de sous-homme.
Il
s’agit d’un retour en arrière insupportable.
Monsieur,
au titre de votre fonction de Président Directeur Général de la RATP,
vous avez le devoir de mettre un terme au racisme et à la ségrégation au
travail envers les hommes noirs. Le contexte actuel nous laisse, à nous, hommes
noirs, de moins en moins de place dans notre entreprise.
Sans
réaction adaptée de notre hiérarchie, la situation ne peut ques’aggraver.
J’ajoute
que l’image de la RATP est compromise. De nombreux usagers se plaignent des
agents qui affichent fièrement leur appartenance au système politique de
l’apartheid.
Je
tiens à dire que je n’ai jamais tenu ni même pensé à des propos racistes. À
l’exception de mes collègues racistes et ségrégationnistes, avec qui, il n’y a,
pratiquement, la possibilité d’aucun échange, j’ai d’excellentes relations avec
mes autres collègues d’où qu’ils viennent. Je ne veux pas que l’on inverse les
rôles. Ce sont les hommes noirs qui
sont visées, ce sont les hommes noirs qui subissent, ce sont les hommes noirs
qui sont discriminées et non l’inverse.
Je
vous remercie de la discrétion absolue concernant mon identité, vu les
représailles auxquelles je serai possiblement exposé.
Bien
respectueusement,
La
RATP accepterait-elle cette situation ? j’espère que non !
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Voici
la lettre originale :
Monsieur
Pierre MONGIN, Président Directeur Général de la RATP,
Je
viens, par la présente, vous informer, que les Femmes machinistes, dont je fais
partie, sont, au mieux, victimes de sexisme ordinaire, au pire, victimes de
discrimination de la part de nombreux collègues se référant de la religion
musulmane.
En
effet, ceux-ci refusent catégoriquement, en particulier, de nous serrer la main
sur notre lieu de travail, à un moment où nous nous apprêtons à prendre notre
service. Au seul motif que nous sommes
des Femmes.
« L’Homme
ne doit en aucun cas toucher la peau d’une Femme étant donné que le frottement
avec les Femmes est une source de tentation et une cause de turpitude. »
Autrement
dit, pour soulager ces hommes de leurs pensées obscènes, la Femme doit se
soumettre à leurs pratiques religieuses.
Comment
une entreprise, comme la RATP, qui se veut être à la pointe de la modernité,
peut-elle laisser se propager une idée si moyenâgeuse !?
Leur
prise de position n’est pas sans conséquence sur nos vies professionnelles.
Déjà
fortement touchées par les agressions au volant de nos bus, nous devons à
présent faire face à la violence de nos propres collègues. Si la Femme ne se
soumet pas, elle est insultée, ce qui peut être passible des tribunaux. Il arrive que les Femmes ne puissent pas
rentrer ou n’osent pas rentrer dans les terminus ou les bus parce que des
hommes y font leurs prières. Les regards de certains d’entre eux sont si agressifs que nous ne nous sentons plus à
l’aise dans nos salles de repos. Certains me disent même que je ferais mieux de
rester chez moi à m’occuper de mes enfants. Petit à petit on nous pousse à
l’isolement. Les relations de travail se crispent, l’ambiance se dégrade.
Et pour éviter les conflits, certaines d’entre nous (je l’avoue, moi aussi)
baissent les yeux et courbent l’échine.
Il
y a quelques mois, j’ai été voir mon Responsable Ressources Humaines pour
relater ces faits. Celui-ci m’a fait comprendre que, au nom de la « paix
sociale », il ne ferait rien. Il m’a signifié qu’unecommission sur la religion dans l’entreprise avait été créée. Hors, de cette
commission, pour l’instant, il n’a été produit aucun document, aucune
information, aucun rapport… Tout le personnel concerné attend avec
impatience les conclusions de celle-ci.
Les
Femmes représentent environ 10% de l’effectif machiniste. Nous sommes
minoritaires et pourtant, depuis les années 60, nous avons fait notre chemin.
Nous avons surmonté les préjugés et les commentaires machistes, en d’autres
termes, nous avons réussi notre intégration dans l’entreprise.
Nous
participons activement à son évolution et pourtant, l’atteinte à la
dignité et au respect que nous subissons actuellement nous propulse au
rang d’employées de seconde zone.
Il
s’agit d’un retour en arrière
insupportable.
Monsieur,
au titre de votre fonction de Président Directeur Général de la RATP,
vous avez le devoir de faire respecter la Laïcité au travail. Le contexte
actuel nous laisse, à nous, Femmes, de moins en moins de place dans notre
entreprise.
Sans
réaction adaptée de notre hiérarchie, la situation ne peut ques’aggraver.
J’ajoute
que l’image de la RATP est compromise. De nombreux usagers se plaignent des
agents qui laissent pousser leurs barbes pour afficher leur appartenance à la
communauté islamique.
Je
tiens à dire que je n’ai jamais tenu ni même pensé à des propos racistes. À
l’exception de mes collègues religieux, avec qui, il n’y a, pratiquement, la
possibilité d’aucun échange, j’ai d’excellentes relations avec mes collègues
d’où qu’ils viennent. Je ne veux pas que l’on inverse
les rôles. Ce sont les Femmes qui sont visées, ce sont les Femmes qui
subissent, ce sont les Femmes qui sontdiscriminées et non l’inverse.
Je
vous remercie de la discrétion absolue concernant mon identité, vu les représailles
auxquelles je serai possiblement exposée.
Bien
respectueusement,
——————————————————–
en
ce qui concerne la situation des femmes de la RATP, si j’en juge les propos de
certains de mes supérieurs hiérarchiques après les événements qui ont suivi cette
lettre, il parait évident que les rôles se sont inversés. Forts de leur
position dominante dans l’entreprise, forts de leurs innombrables soutiens,
forts de la position de la direction générale de la RATP et de la politique
gouvernementale, les musulmans qui appliquent la loi islamique (la charia)
peuvent réduire à néant toutes oppositions même légitimes. Quelles actions
mènerait Rosa PARKS a ma place ?
« Jusqu’à
présent, je crois que nous sommes sur la planète Terre pour vivre, nous
épanouir et faire notre possible pour rendre ce monde meilleur afin que tout le
monde puisse jouir de la liberté. » : citation de Rosa Parks,
devenue célèbre le 1er décembre 1955,
à Montgomery(Alabama)
en refusant de céder sa place à un passager blanc dans l’autobus conduit par James F. Blake.
Arrêtée par la police, elle se voit infliger une amende
de 15 dollars le 5 décembre ; elle fait appel de ce
jugement. Un jeune pasteur noir
inconnu de 26 ans, Martin Luther
King, avec le concours de Ralph Abernathy, lance alors une campagne de
protestation et de boycott contre
la compagnie de bus qui durera 381 jours. Le 13 novembre 1956,
la Cour suprême casse
les lois ségrégationnistes dans les bus, les déclarant anticonstitutionnelles.
(wikipédia)
Ghislaine Dumesnil
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